Novo : Objet trouvé
Cinéma

Novo : Objet trouvé

Voilà un film idéal pour se moquer et pour stigmatiser quelques caractéristiques nationales. Légèreté, parisianisme et sexe ludique: Novo, de Jean-Pierre Limosin, pourrait facilement passer pour un prototype du film français. Or, il y a du charme, peut-être un regard. En tout cas, il y a autre chose.

On l’a dit, le film du réalisateur, qui n’est pas coincé par les diktats d’une façon de faire à la française, déjà auteur d’une coproduction japonaise, Tokyo Eyes, de Gardien de la nuit, et de documentaires sur Kiarostami, Kitano et Alain Cavalier, ressemble au Memento de Nolan. Le héros a perdu sa mémoire immédiate et chaque jour est un recommencement. Là où Nolan faisait dans le thriller, Limosin fait dans le sentimental. Un scénario simplement cousu par Christophe Honoré, qui a aussi le coup de main habile avec son premier film, Dix-sept fois Cécile Cassard. Sans mémoire, on peut tomber amoureux, mais ça ne va pas loin s’il faut recommencer chaque matin. Pablo/Graham (Eduardo Noriega) a oublié qu’il avait une femme, un fils, un meilleur ami (Éric Caravaca). Sa vie est sous le contrôle de ceux qui l’aiment, et sous le joug de ceux qui en profitent, patronne coquine et médecin incertain. Jusqu’au jour où Irène (Anna Mouglalis) décide de l’aimer. Ici, le sexe devient le moteur et la seule vraie mémoire, partant du principe que c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Été en ville, jeux sexuels mutins, corps impeccables, on a droit a de l’érotisme aérien, sans prise de tête (Bonnello) ni grisaille (Breillat). Limosin fait un cinéma primesautier qu’on a déjà comparé à du Rivette léger, mais faudrait pas que ça tombe dans le Vadim. Les sens mènent, la poésie se trouve au bout d’un crayon feutre qui s’amuse sur les corps, la rêvasserie l’emporte; mais on digresse souvent, ce héros béat nous égare avec lui, donnant un tempo irrégulier et superficiel à la promenade. Logique interne de l’amnésie, sans doute. Heureusement, le ton n’est pas pompeux, et passent en petite brise des idées sur la liberté d’aimer forcément égoïste et le poids des responsabilités. Vivacité du montage, élégantes ellipses, scènes charmantes et dynamiques, et en prime, Eduardo Noriega au top, capable de faire grimper la tension des Espagnoles (et des autres) depuis Abre Los Ojos: il faut voir le film comme un verre à moitié plein, et non à moitié vide.

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