Johnny English : Faux Bond
Comment peut-on faire un film aussi insipide avec un personnage aussi drôle? a-t-on envie de hurler après avoir vu Johnny English de Peter Howitt (Sliding Doors, AntiTrust). Certes, il y a bien trois ou quatre éléments propres à susciter la franche rigolade, comme une poursuite en remorqueuse, quelques blagues écorchant gentiment les Français et les Anglais, les irrésistibles mimiques de l’inénarrable Rowan Atkinson, sans parler de l’impayable accent français de John Malkovich qui cabotine nonchalamment. Et pour ceux que ça faire rire, une scène scatologique prenant place dans les latrines d’un vieux château. Est-ce suffisant pour tenir la route? Pas vraiment.
Personnage créé pour une pub de carte de crédit, l’agent secret Johnny English (Atkinson) se croit l’égal de James Bond alors qu’il gaffe autant que l’inspecteur Clousot. Dans cet opus – devons-nous craindre le premier d’une longue série? – écrit par Neal Purvis, Robert Wade, scénaristes des deux derniers – et pas nécessairement les meilleurs! – James Bond (The World Is Not Enough et Die Another Day) et William Davies, l’espion doit mettre la main au collet d’un richissime Français (Malkovich) qui a fait main basse sur les bijoux de la Couronne en attendant de s’emparer du trône de l’Angleterre et, par le fait même, de contrôler l’univers. Toute une mission pour English, qui pourra compter sur l’aide de son assistant (attachant Ben Miller), moins con et plus débrouillard que son patron, et d’une belle "Johnny English Girl" (la chanteuse Natalie Imbruglia, aussi pimpante que dans sa pub de mascara).
Le héros de Ian Fleming serait-il devenu intouchable? Peter Howitt craignait-il de se faire taper sur les doigts comme Mike Myers? Rappelons-nous le (mini) scandale Goldmember… Toujours est-il que face à Austin Powers (moutures un et deux), Johnny English fait pâle figure tant il se moque sagement du genre – où sont les filles et les gadgets? Cependant, l’ensemble s’avère moins décousu que le déjanté Casino Royal, parodie de films d’espionnage mettant en scène un James Bond à la retraire, grâce à une réalisation de métier et un scénario assez coulant. Finalement, le passage d’English au cinéma se révèle moins désolant que celui du pauvre Mr. Bean…
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