Spellbound : Épeler le rêve
Cinéma

Spellbound : Épeler le rêve

Nature, racine, étymologie… Qui aurait cru qu’un documentaire sur les participants d’un concours d’orthographe pouvait revêtir les attraits d’un film à suspense? Avec son premier long-métrage Spellbound (couronné de prix en 2002), Jeff Blitz réalise l’impossible. De la Californie au Connecticut, en passant par le Missouri, Blitz suit de jeunes concurrents du Spelling Bee (concours national d’orthographe) et propose un captivant portrait de l’Amérique.

Le documentaire nous fait plonger dans l’univers de huit des 249 participants sélectionnés pour le concours national télévisé de Washington. Dès le début, on s’attache aux personnages, on a des favoris qu’on suit dans une lutte effrénée vers la victoire, on se prend à vouloir que la langue soit moins intransigeante.

Âgés de 12 à 14 ans, ces jeunes témoignent tous de réalités socioéconomiques différentes. Filles ou fils d’immigrants qui ne parlent pas toujours l’anglais, enfants des logements sociaux de Washington, d’une famille aisée du Connecticut ou de petites villes rurales du Midwest. À travers ce melting-pot culturel, Blitz fait le portrait d’un rêve américain toujours vivant. L’Amérique, terre de possibilités pour celui qui fait preuve de discipline, courage, labeur, sans égard pour sa couleur, son origine… Représentation douce-amère d’une impressionnante soif de réussir.

On admire ces jeunes sans pouvoir s’empêcher de les plaindre. À 12 ans, April Degideo refuse de sortir avec ses camarades pour étudier son dictionnaire. Assise sur sa balançoire, elle se définit comme une végétarienne aimant boire du café. Où est passée la candeur de l’enfance?

Blitz, qui s’est aussi chargé de la direction photo, attache une attention particulière aux détails. Un chien lèche la jambe de sa maîtresse dans un salon tout droit sorti d’une nouvelle de Raymond Carver, une propriétaire de ranch tricote en parlant à son mari à moitié sourd, des parents prient, versent une larme, feignent le bon esprit face à l’échec de leur enfant. La vérité de cet univers transperce l’écran.

Un regard sincère, humain, qui fait souvent rire et nous tient en haleine jusqu’à la victoire finale. Des valeurs familiales remises à l’heure du jour. Une rigueur intellectuelle synonyme de réussite dans une société où ce n’est pas toujours le cas. Une bouffée d’air frais.

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