Angelina Jolie : Payer de mines
ANGELINA JOLIE se rend parfois dans la jungle cambodgienne par les temps qui courent, histoire d’y faire exploser quelques mines antipersonnel oubliées. Et il n’est pas question ici d’effets spéciaux de cinéma.
Jolie occupe une partie de ses temps libres en aidant les autorités locales à débarrasser de mines le terrain entourant sa nouvelle maison, au Cambodge, où elle se consacre à son rôle d’envoyé spécial de l’ONU. Au gré de ces aventures bien réelles, s’entremêlent les escapades fictives de son alter ego, Lara Croft. Angelina Jolie est de retour au grand écran dans Le Berceau de la vie, où l’exploratrice-archéologue se retrouve sous l’eau afin d’y retrouver la mythique boîte de Pandore. Son oeuvre avec les Nations unies est volontaire. Son travail à l’écran, lui, est beaucoup plus lucratif. Cette fois-ci, elle recevra un coquet 12 millions de dollars. Excentrique, sublime et imprévisible, la fille de l’acteur Jon Voight a été très occupée dernièrement. Elle a quitté son mari Billy Bob Thornton, adopté un jeune garçon cambodgien, Maddox, et a effectué l’essentiel des cascades dans son dernier film. La singulière actrice de 28 ans, gagnante d’un oscar pour son rôle dans Jeune Fille interrompue, parle de ses multiples vies; de sa mission dans le Sud-Est asiatique à sa vie à Londres, en passant par son travail à Hollywood.
Vous avez grandi à L.A. alors pourquoi avez-vous des maisons à Londres et au Cambodge?
Je voyage beaucoup en Afrique, en Asie et dans le reste de l’Europe et je me sens trop loin quand je suis aux États-Unis. Je me sens déconnectée. Je suis beaucoup plus près du reste du monde quand je suis en Angleterre.
Comment est votre maison au Cambodge?
Ce n’est pas vraiment une maison; seulement trois petites huttes en bois sur pilotis, avec des hamacs et un trou dans le sol en guise de toilette. C’est dans la jungle et on peut s’y rendre en hélicoptère ou par route.
Avez-vous réellement participé à de dangereuses opérations de déminage?
Oui, nous en avons récemment découvert 48, dans un bunker Khmer Rouge, que nous avons fait sauter au TNT. C’est un peu effrayant, avant d’y aller, quand on nous demande notre groupe sanguin… (rires).
Parlons des dernières aventures de Lara Croft. Qu’est-ce qui vous a poussée à aller de l’avant avec une suite après avoir été malmenée par les critiques lors du premier?
Je n’étais pas complètement satisfaite avec le premier et je voulais en faire beaucoup plus pour le second. Je suis toujours très critique face aux choses que je fais, mais je crois que c’est un très bon film et j’en suis fière.
Avez-vous des choses en commun avec Lara Croft?
Je crois être la plus chanceuse des deux parce que j’ai Maddox et je sens que Lara est seule. Mais nous avons toutes deux un puissant goût de l’aventure, un amour profond pour les autres pays et leurs cultures, et nous nous battrions toutes les deux jusqu’à la mort pour ce à quoi nous croyons. C’est une bonne amie… et une grande gueule.
Êtes-vous aussi intrépide dans vos cascades de films que vous l’êtes dans la vraie vie?
Je n’ai pas peur au point d’en être stupide. Je suis accro à l’adrénaline et j’aime mon travail. C’est pour ça qu’on me paie. Je suis entraînée par les meilleurs du monde, j’acquiers toutes ces nouvelles compétences, j’ai la chance de visiter les plus beaux pays de la planète, de rencontrer ses différents habitants et de passer du temps avec eux. Je l’apprécie beaucoup et j’adore ça.
Vous êtes mère maintenant; devriez-vous continuer à faire vos propres cascades?
J’étais mère lors du tournage de la suite (rires). Bien, si je crois que quelque chose est susceptible de me tuer, je vais contre-vérifier mon harnais. À cause de mon fils, je fais attention de ne pas être autodestructrice. Mais je sais qu’il verra les cascades quand il sera plus vieux alors j’ai toutes les raisons de les faire du mieux possible, car je veux qu’il soit fier de moi.
Comment s’est déroulée la première rencontre avec votre fils à l’orphelinat?
Quand tu prends la décision d’aller dans un orphelinat cambodgien, d’une certaine façon, tu souhaites aider tous les enfants à la fois. Après le premier Tomb Raider, je suis revenue souvent au Cambodge avec l’ONU et je suis tombée amoureuse du pays. J’ai décidé que je ramènerais un enfant à la maison. Maddox dormait et ils l’ont déposé à l’extérieur, dans un petit récipient de plastique. Ils ont tenté de le réveiller avec de l’eau mais ça n’a pas fonctionné. Puis ils l’ont mis dans mes bras et il a souri.
Avez-vous développé l’instinct maternel instantanément?
Je n’ai jamais été entourée d’enfants et je n’avais jamais tenu un bébé dans mes bras. Alors, quand il m’a souri, ce n’était pas tant qu’il m’aimait bien mais plutôt qu’il se sentait en sécurité et ça signifiait beaucoup pour moi.
Cela a-t-il pris du temps pour vous faire à l’idée que vous aviez votre propre enfant?
Le premier soir, j’étais complètement seule dans cette maison, en plein coeur de l’Afrique, avec ce petit de sept mois. Il m’a appris comment être son parent et m’a avertie lorsqu’il avait faim. J’ai perdu compte du nombre de fois qu’il a uriné sur mes costumes ou que je me suis bercée sur le plateau, par manque de sommeil.
Qu’est-ce qui est le plus difficile pour une mère au travail?
Je suis très choyée car la plupart des mères célibataires qui travaillent ne peuvent pas amener leur enfant avec elles. Alors je suis vraiment, vraiment très chanceuse et ça me fait mal au coeur quand je pense aux femmes qui ne peuvent le faire. Je peux le voir chaque fois que j’ai une pause. Il est toujours dans les alentours. On peut voyager partout. Tout ce qui est difficile, c’est la fatigue parfois.
Vous avez connu une période difficile, avec votre récent divorce?
Mon premier divorce avec Jonny Lee Miller a été très difficile. On était des amis très proches. À ce point-ci dans ma vie, les choses deviennent limpides et j’en suis chanceuse. Certaines personnes ne savent pas quand le temps est venu de se séparer. Nous (Billy Bob et moi) le savions. Nous avons passé à travers et tout s’est amélioré pour chacun de nous. Je commence à penser que le mariage n’est pas ma tasse de thé.
Que pensiez-vous que le mariage était?
J’ai toujours su qu’il s’agissait de ce magnifique engagement par lequel on connecte notre amour avec une autre personne. Maintenant que j’ai un enfant, si je me mariais, cela signifierait choisir une famille et je crois que ça devrait être permanent. Je n’ai pas grande confiance en la longévité du mariage.
Alors, qu’est-ce que vous recherchez dans la vie?
L’amour d’un homme, mais je ne sais pas que c’est ce que je recherche. C’est merveilleux de trouver l’amour. Mais je souhaite en apprendre plus sur moi-même, devenir une meilleure femme et une meilleure mère. Je veux avoir plus d’enfants, je veux faire de bonnes choses avec ma vie. Que je sois avec un amant ou un ami, cela m’importe peu.