Chronique urbaine : Hip-hop et rock
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Chronique urbaine : Hip-hop et rock

Le hip-hop a-t-il sa place au Québec? Les médias, la société lui accordent-ils l’importance qui lui revient? Chronique urbaine nous fait plonger dans la vie de Kamenga Mbikay, alias SP, fondateur du groupe Sans Pression. Principalement tourné en vidéo numérique dans les quartiers populaires de Montréal, le film s’inscrit dans la tradition du cinéma direct. En suivant le quotidien de SP, de sa famille et de la communauté hip-hop montréalaise, Yanick Létourneau propose une réflexion sur les frontières de l’identité québécoise. Doit-on redéfinir le visage d’une culture populaire trop exclusive? Un documentaire qui tarde à prendre son envol, qui a ses faiblesses esthétiques, mais qui ouvre la voie à un débat intéressant.

Comment vivre de sa musique quand on ne fait pas dans le mainstream? Pas facile. Chronique urbaine brosse le portrait d’une industrie culturelle francophone souvent hermétique à la diversité. Toujours les mêmes visages, les mêmes voix sur les ondes des radios commerciales. Donner la parole à un rappeur francophone ajoutant une pointe de créole à sa sauce? Attention, pas sûr que ça plaise… C’est bien ce que dénonce Yanick Létourneau dans un documentaire qui revendique l’avènement d’un pluralisme culturel à l’image de la réalité québécoise. Le réalisateur s’inscrit dès lors dans l’esprit de la culture qu’il défend puisque "le vrai hip-hop, c’est le hip-hop engagé: dire des affaires pour changer les choses" (SP). Mais la lutte n’est pas facile. Cedric Morgan, fondateur des Disques Mont Real (un label indépendant), explique: "En ce moment, je sens un certain essoufflement […] parce que je me rends compte que le statu quo est bien implanté. Les gens préfèrent que les choses ne changent pas car le changement remet en question bien […] des gens, bien des institutions."

Assis dans son salon avec sa petite famille, SP regarde chanter Sylvain Cossette à la remise des prix de l’ADISQ. Où est sa place dans cette industrie? Aigre sentiment de décalage, de non-appartenance.

Malgré des longueurs, on appréciera le courage et l’humilité de ce premier long-métrage, regard intimiste sur un univers méconnu par l’industrie. Sans Pression a vendu 30 000 copies de son premier album sans l’appui des radios commerciales. "Imagine si ces gens-là […] ouvraient un peu leurs oeillères." (Rose-Laure du Label Mont Real)

Que ça plaise ou non, il y a des voix qu’on devrait laisser entendre…

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