Salomé : Entre ciel et terre
Salomé, la plus récente oeuvre de Carlos Saura, célèbre une fois de plus la danse, le réalisateur cultivant une véritable passion pour les corps en mouvement depuis le début de sa carrière. Que ce soit Noces de sang ou Flamenco, il filme les danseurs dans un entrelacement de bras et de jambes hypnotisant. Pourtant, avec les années, il semble s’essouffler, ne maîtrisant plus la fusion entre narrativité et jeu de pieds ibérique.
L’idée derrière l’adaptation de cette histoire biblique lui est venue de la star mondiale du flamenco Aida Gòmez, qui s’est occupé des chorégraphies tandis que Saura assurait le reste. Ainsi, tout comme dans Tango, un metteur en scène (Pere Arquillué) prépare son spectacle, parle aux danseurs, au costumier, à l’éclairagiste, les guidant dans leur travail. Il est presque évanescent tant il écoute calmement. Non loin du documentaire, le film insère des témoignages des danseurs qui expliquent ce qui les fait vibrer dans ce métier.
En deuxième partie, on assiste à la générale complète de ce drame confrontant Jean-Baptiste, Salomé et le roi Hérode. Tout cela reste bien tenu, et sans grande ambition si on le compare à Goya à Bordeaux, tourné quatre ans auparavant, qui profitait à la fois de la lumière de Storaro et d’un Saura plus vaillant. Car ici, il suffirait d’une performance filmée platement pour rendre justice aux efforts de Gòmez qui nous livre une danse des sept voiles magistralement langoureuse, aux cadences alliant rythmes du Moyen-Orient avec un soupçon de flamenco. Force est d’admettre que son statut international ne relève pas du vol, mais bien d’un effort acharné. L’intensité de ses yeux devient un prolongement de sa concentration.
On aurait préféré un vrai scénario plutôt qu’une excuse de danse sectionnée en deux blocs distincts, hésitant entre fiction et réalité. C’est pourtant Saura lui-même qui aura insisté pour accoler ce premier bloc fictionnel. Il devait savoir qu’il n’y avait pas matière à raconter une histoire, mais il a voulu bluffer, tenter de cacher qu’il filmait un spectacle simplement pour son propre plaisir.
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