Le Divorce : Deux Américaines à Paris
Cinéma

Le Divorce : Deux Américaines à Paris

Abonnés des bonnes manières, de la retenue et des sentiments refoulés depuis 41 ans, JAMES IVORY le réalisateur et ISMAIL MERCHANT le producteur se lancent dans un brin de frivolité à la française avec Le Divorce. Un voyage désastreux où ils ont l’air de touristes drôlement égarés, malgré le fait qu’Ivory visite assidûment ce pays depuis 50 ans.

Mince comédie de moeurs se moquant des différences culturelles entre Américains et Français ou léger drame matrimonial? Intrigue artistique mettant en jeu un tableau mystérieux ou dissection de la bourgeoisie de Paris? Tout ça en même temps, et il ne manque que nos bâillements devant le peu de mordant d’un film qui aurait dû avoir les dents longues. Ainsi, Isabel (Kate Hudson, impeccable) rend visite à sa soeur Roxy (Naomi Watts) au moment où son mari (Melvil Poupaud) la quitte. Les deux Américaines ne cesseront de se gratter la tête devant le comportement des Français, bien qu’Isabel s’acclimate mieux car elle n’a pas ouvert ses valises qu’elle flirte avec un ouvrier (Romain Duris) et un diplomate charismatique (Thierry Lhermitte, parfait).

Ce qui agace, c’est la vacuité de ces démêlés se répandant en tous sens. Trop de personnages, pas assez de temps pour les explorer, difficulté à rassembler tous ces thèmes sous une même bannière. Probablement que le livre de Diane Johnson, dont le film s’inspire, peaufinait mieux ce zeste d’humour pour le rendre savoureux, parce que souvent la drôlerie tombe à plat. On ne peut blâmer les interprètes: Kate Hudson pétille, Glenn Close, en romancière expatriée, subjugue, et Leslie Caron (clin d’oeil à An American in Paris) campe une matriarche rouspéteuse pleine de force de caractère. Autrement, le film ennuie, provoquant un désintéressement quasi total car les situations manquent de vie ou ne trouvent pas le ton: que viennent faire une tentative de suicide et un meurtre dans cette légèreté? C’est qu’Ivory est hors de son élément comme dans Slaves of New York; il n’a pas le sens du timing pour la comédie. Par contre, Le Divorce tombe à pic dans les relations tendues entre les deux pays. Justement, à qui déplaira le plus ce gentil pied de nez? Cela rassurera les Américains puisque le film s’évertue à clamer que les Français compliquent tout.

À l’affiche dès le 22 août.