Mes enfants ne sont pas comme les autres : Cordes tendues
Cinéma

Mes enfants ne sont pas comme les autres : Cordes tendues

Cela semble d’usage depuis des films comme Shine, La pianiste ou Hilary and Jackie d’aborder les musiciens classiques sous l’angle d’une psychologie meurtrie par des parents d’une rectitude de fer. Poussés à bout, ils deviennent anormaux et plus souvent qu’autrement, ils craquent sous la pression. Dans Mes enfants ne sont pas comme les autres de Denis Dercourt (Lise et André), on retrouve le violoncelliste d’orchestre Jean Debart (Richard Berry), exigeant sinon intransigeant, élevant seul ses deux enfants, Adèle (Élodie Peudepièce) et Alexandre (Frédéric Roullier). Sous l’oeil de faucon de papa, elle, violoncelliste douée, et lui, pianiste très prometteur, triment sans relâche pour parvenir au statut de soliste. Position que leur paternel n’a pu atteindre. Transposant son ambition, ils deviendront ce qu’il n’a pu devenir.

Dercourt connaît la musique classique et ça se sent. Il avait offert l’amical Les Cachetonneurs sur les aléas du métier. Ici, il décortique, comme une composition dramatique difficile, la structure d’une famille de mélomanes. Son regard clinique effeuille la partition d’un trio s’exposant toujours plus, où l’on découvre l’anormalité dans la durée. Tout paraît contrôlé en surface mais le vernis craque, le malaise est latent quand Berry remarque qu’il est chanceux aujourd’hui, car son fils lui a donné une deuxième bise avant de partir. Et puis Adèle, captivante nouvelle venue, se rebiffe en tombant amoureuse de son accompagnateur (Malik Zidi). Filmé sans chercher à étourdir, en plans plutôt paisibles, le film de Dercourt crée une distance favorable, nous donnant ce vague sentiment d’écornifler dans le quotidien de cette maison de Strasbourg. Le seul côté excessif revient à Berry qui, sous des dehors de glace, corrige sans cesse le jeu de ses enfants, lui-même complètement absent quand il joue dans l’orchestre. Malgré l’atmosphère souvent lourde et contraignante du film, on respire dans quelques aventures de prises de son en extérieur[W92], en présence du jeune oncle compositeur (Mathieu Amalric), démontrant que la musique peut aussi avoir une démarche relaxe nous laissant croire que la poigne d’acier de Berry et de son père (Maurice Garrel en chef d’orchestre) deviendra un vestige des générations mourantes. Le film défile sans fausses notes, de façon un peu austère cependant; on aurait souhaité plus d’éclat, plus d’impétuosité.

Au FFM
29 août: 9 h et 19 h 30
30 août: 12 h 30