Ni pour, ni contre(bien au contraire) : Entre-deux
Cédric Klapisch est doué dans l’art des comédies à saveur jeune et sympathique. Le Péril jeune (1995), Chacun cherche son chat (1996) et L’Auberge espagnole (2002) ont tous connu un certain succès. Mais on sent le réalisateur moins à l’aise dès qu’il s’agit de sortir des sentiers battus. Le Paris ensablé de Peut-être (1999) n’a pas été une grande réussite, et quand, avec Ni pour, ni contre (bien au contraire), il s’essaie au polar à la française – teinté d’humour à la Quentin Tarantino -, on reste un peu sur notre faim. Le titre à lui seul annonce la couleur du film: ni bon, ni mauvais. Juste ce qu’il faut de divertissement sans que cela soit vraiment transcendant ou original.
Ni pour, ni contre nous fait plonger dans l’univers de Cathy (Marie Gillain), une jeune camérawoman qui a quitté sa ville natale pour s’établir à Paris où elle mène une vie terne et solitaire au coeur d’une insipide tour d’habitation. C’est au cours d’un reportage sur le milieu des escortes de luxe que cette "fille qui a la gueule à tout le monde" fait la rencontre de Jean (Vincent Elbaz) et de sa bande de petits malfrats qui arpentent les Champs-Élysées et le monde de la nuit parisien. En se frottant à cet univers masculin, elle découvre le pan sombre de sa personnalité, apprend les lois et joies du banditisme, de l’argent facile, du luxe et de la séduction.
Le film est construit en deux mouvements: l’un comique, l’autre beaucoup plus noir. Klapisch commence par nous offrir un portrait humoristico-burlesque de l’univers de ces petits gangsters à la fois odieux et attachants. Malgré certaines lourdeurs, l’entrée en matière est assez vive et drôle. Mais avec l’organisation et l’exécution du "casse du siècle", le ton comique s’embourbe, se perd. On a l’impression que Klapisch change de registre. Le mélange des genres n’étant pas bien maîtrisé, on a alors peine à croire au côté noir de la suite des événements, qui n’a d’ailleurs rien de bien original…
Il n’y a pourtant rien à redire sur l’interprétation des acteurs. Vincent Elbaz, chef de la bande, est parfait en petite fripouille. De même en est-il de Zinedine Soualem qui nous fait rire en truand-chorégraphe pour danseuses de cabaret. C’est le caractère même des personnages qui manque de relief, d’ambiguïté. Celui de Cathy surtout qui, en s’amourachant d’un mauvais type, passe de spectatrice derrière la caméra à actrice on ne peut plus engagée sans qu’on comprenne vraiment le pourquoi de l’évolution du personnage. Cédric Klapisch a échoué là où Jacques Audiard réussissait à donner toute la teneur du propos de Sur mes lèvres.
Ni pour, ni contre (bien au contraire) reste néanmoins bien filmé, avec quelques moments forts et de bonnes blagues. On sort de là un peu diverti, un peu amusé. Rien de plus, rien de moins…
Au FFM
1er sept.: 11 h 10
2 sept.: 20 h 20
3 sept.: 13 h 20