El Polaquito (Argentine-Espagne)
Polaco a 13 ans et chante des airs de tango dans les trains de Buenos Aires pour gagner sa vie. Pelu se prostitue et rêve d’aller retrouver son père au Brésil. Regard sur la réalité noire des jeunes de la rue, dans un monde où policiers et mafieux sont également crapuleux. L’interprétation des acteurs, de vrais enfants de la rue, est fabuleuse. Mais la réalisation de Juan Carlos Desanzo manque de subtilité. Une trame musicale collée mur à mur vient surligner à gros traits chaque moment intense de l’histoire. Un film qui aurait gagné à en faire un peu moins. (S.K.)
Frail (Canada)
Urbanité et solitude. Une jeune fruitière déprimée, un prêtre qui déchante, un artiste à vélo qui arpente les rues de Montréal. Portraits d’individus désespérés dans un monde sans âme où les jours se suivent et se ressemblent. À part l’interprétation lumineuse de la poète Naïlia Belvett, cet essai sur la fragilité humaine et le vide existentiel, signé Michael P. Daley, se veut beaucoup trop profond et sonne creux. (S.K.)
Il piu crudele die giorni (Italie)
Avec un grand souci de vraisemblance, Ferdinando Vicentini Orgnani (Mare Largo, présenté au FFM en 1998) reconstitue les derniers jours d’Ilaria Alpi, journaliste à la RAI, et de son caméraman Miran Hrovatin, tous deux assassinés le 20 mars 1994 à Mogadiscio, en Somalie, alors qu’ils se préparaient à lever le voile sur un scandale impliquant les autorités somaliennes et italiennes. À l’image des protagonistes qu’il dépeint: courageux et dérangeant. (Jusqu’au 6 septembre.) (M.D.)
India Praville (Argentine)
Réflexion douce-amère de Mario Sabato sur la mort, l’inspiration artistique et les liens familiaux. À 63 ans, Guillermo, un réalisateur, refuse de se voir vieillir. N’arrivant plus à faire de films, il s’enfonce dans un sarcasme dépressif, ressassant sans cesse le scénario de son éventuel suicide. Son petit-fils de 14 ans essaie alors de le faire sortir de cette morosité latente. Un film au propos sensible mais qui n’arrive jamais à décoller tout à fait. (S.K.)
Luck (Canada)
Regard sur le monde des paris, des croupiers, de la chance et de la malchance à l’époque de la légendaire série de matchs de hockey opposant Canada et Union soviétique, en 1972. Shane (Luke Kirby), un jeune dans la vingtaine, sombre dans la mécanique infernale du jeu. Sur toile de fond amoureuse, Peter Wellington nous offre une peinture drôle, fine et captivante d’un univers où tout va vite. Un film sympathique qui vaut le détour. (S.K.)
My Life Without Me (Espagne-Canada)
De la réalisatrice espagnole Isabel Coixet (Things I Never Told You, présenté au FFM en 1996), l’histoire d’Ann (Sarah Polley), une mère de famille de 24 ans qui apprend qu’elle n’a plus que deux mois à vivre. Préférant taire la nouvelle à son entourage, la jeune femme établit une liste de ce qu’elle veut faire avant de mourir, c’est-à-dire des choses simples qu’elle n’a jamais eu le temps de faire durant son existence monotone. Un film émouvant et délicat qui ne tombe jamais dans le pathos. (Jusqu’au 6 septembre.) (M.D.)
Vertige de la page blanche (Belgique)
Drôle de parcours que celui du Chilien Raoul Ruiz, tantôt brillant (Le Temps retrouvé), tantôt décevant (Les Âmes mortes). Ayant pour thème la justice, ce que le réalisateur appelle lui-même un reality-show met en scène le jury d’un festival de films qui juge un film dans lequel trois terroristes sont jugés pour avoir kidnappé un juge qu’ils voulaient juger. Ça se veut ludique et poétique, mais malgré quelques moments cocasses et répliques piquantes sur le milieu du cinéma, ce n’est que rasoir et prétentieux. (Jusqu’au 4 septembre.) (M.D.)