Eli Roth : Pur sang
Cinéma

Eli Roth : Pur sang

À moins d’être un amoureux des festivals gore, vous ne connaissez pas encore ELI ROTH. Petit protégé de David Lynch, le jeune réalisateur américain nous offre un premier long-métrage d’horreur s’inspirant de la necrotising fasciitis – mieux connue sous le nom de bactérie mangeuse de chair -, terreur médicale des temps modernes ayant de quoi satisfaire un public assoiffé de gore et d’humour noir.

Cabin Fever

suit le périple d’une bande de cinq étudiants partant célébrer la fin des examens dans un chalet du fin fond de la campagne américaine (référence au Evil Dead de Sam Raimi). Mais ces vacances tournent au cauchemar quand un étranger ayant contracté un terrifiant virus fait irruption chez eux. La peur de la contagion dissémine alors le groupe, et pour cause… "À travers cette histoire, je voulais montrer la façon dont chacun réagit face à la maladie, l’impressionnant instinct de survie qui finit par prendre le dessus sur tout. Petit, j’étais le roi des infections bizarres… J’ai eu très tôt ce sentiment qu’on a un corps qui ne nous appartient pas, qu’on est loin d’être à la tête de la chaîne alimentaire, qu’il existe une multitude de virus et bactéries qui finissent par nous avoir d’une manière ou d’une autre. Voilà ce qui m’a inspiré ce film." Résultat? Une suite on ne peut plus ragoûtante de vomissements et lambeaux de chair.

Il faut dire qu’Eli Roth est un inconditionnel des frissons, de l’horreur: "J’ai toujours aimé avoir peur dans un environnement protégé. J’adore les maisons hantées, les parcs d’attractions, les montagnes russes." Le réalisateur est un véritable passionné qui connaît ses classiques par coeur. Son film est d’ailleurs parsemé de références que les amoureux du genre sauront apprécier. "J’adore faire de petits clins d’oeil aux fans d’horreur. Par exemple, dans Cabin Fever, quand les jeunes arrivent à l’épicerie du village, on entend la chanson de Last House on the Left, un film-culte pour plusieurs… C’est important pour moi que les spectateurs qui s’y connaissent se sentent en bonnes mains."

Ce faisant, le réalisateur se propose de renouveler un genre qu’il considère avoir été malmené: "Dans les années 70, le cinéma d’horreur était considéré comme une véritable forme artistique. Ridley Scott, William Friedkin, Wes Craven, John Carpenter, George Romero… à cette époque, tout le monde réfléchissait à ce qui pouvait vraiment faire peur. Puis, dans les années 80, la recette a commencé à changer, à devenir plus commerciale, à savoir: comment va-t-on massacrer les gamins? Quelle arme va-t-on utiliser cette fois? Petit à petit, l’idée même de faire un film d’horreur est devenue une grosse blague, plus personne ne prenait ça au sérieux. Je pense qu’il est temps de rétablir un certain respect afin de ramener le genre à l’avant-plan."

Ce pari, Roth l’aura respecté en se lançant dans un projet que de nombreux investisseurs avaient pourtant rejeté du revers de la main: "J’espère que le film est aussi effrayant à regarder qu’il l’a été à produire", dit le jeune réalisateur en riant. Les efforts n’auront pas été vains. Ayant finalement trouvé un distributeur, Cabin Fever propose une intrigue bien ficelée sur fond de petit air de banjo, dressant un savoureux portrait de l’Amérique profonde.

Les effets spéciaux sont tous à base de maquillage: "Je voulais quelque chose de très old school. Je trouve que le maquillage est un travail artistique magnifique qu’on est en train de perdre avec la technologie informatique. J’avais toujours rêvé de faire un film avec du latex, du sang. Aussi, dans Cabin Fever, chaque fois que du sang jaillit, c’est moi qui m’en occupe."

Le tout donne lieu à une bonne montée d’adrénaline, sur fond de petite nausée et d’humour cinglant. Hypocondriaques et âmes sensibles, s’abstenir. Les amoureux du genre, eux, ne devraient pas être déçus.

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