C'est le bouquet! : À fleur de peau
Cinéma

C’est le bouquet! : À fleur de peau

On peut dire, sans se tromper, que C’est le bouquet! de Jeanne Labrune fait office de prolongement, dans le style et la forme, à Ça ira mieux demain, tourné il y a deux ans. On y retrouve l’espace parisien et la même brochette de comédiens, dont Jean-Pierre Darroussin (toujours impayable) incarnant Raphaël, un petit cadre mou d’une société Internet. Il y a aussi les savoureux chassés-croisés, creuset de bien des malentendus. Madame Labrune récidive dans la comédie forte en gueule.

Il suffit d’un appel matinal provenant d’un certain M. Kirsch (Richard Debuisne), une vague connaissance de Catherine (Sandrine Kiberlain) datant d’il y a 15 ans, pour que Raphaël cherche la prise de bec. Le lendemain, l’arrivée d’un bouquet de fleurs avec une note d’excuse sur le pas de la porte crée une suite de quiproquos.

Le film n’est jamais très loin de la pièce de boulevard facile. Pourtant, on survole la médiocrité par la vivacité des répliques et surtout par le jeu inspiré des comédiens. Jeanne Labrune excelle dans la direction d’acteurs et tout le bonheur est pour nous. Dominique Blanc, en secrétaire allumée, adepte de Kant, volerait le film si ce n’était du pur magnétisme de Jean-Claude Brialy en auteur homosexuel cherchant à savoir si le Mékong coule au Cambodge ou en Chine (cette question sert d’ailleurs de point de départ à bien des discussions).

Rempli de tirades et d’humour verbal, comme une joute rapide entre joueurs émérites, C’est le bouquet! taille une place bien équilibrée pour chaque rôle, sauf peut-être celui de Stéphane, le patron de Raphaël, tenu par un Mathieu Amalric pas très à l’aise et peut-être mal choisi. Sinon, on laisse filer le récit, riant d’apprendre qu’il est plus facile d’avaler une cerise qu’une cathédrale, que le glutamate serre les tempes des bourgeoises et que le bouquet en question voyagera plus qu’à son tour. Les nuances enjouées des clarinettes de Bruno Fontaine font un retour, auxquelles sont ajoutées quelques pièces du répertoire de Philip Glass, qui confèrent cependant une atmosphère trop lourde pour bien servir le ton de surface du film.

Jamais deux sans trois? En tout cas, on l’espère.

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