Le Chignon d’Olga : L’objet du désir
Stéphan Larouche
La surprise est hautement agréable: Le Chignon d’Olga, première tentative filmique d’un jeune auteur de 24 ans, Jérôme Bonnell, s’avère une oeuvre fine et richement fouillée, région sentiments. Le plus frappant, dans cette étude centrée sur une famille se retrouvant un an après la mort de la mère, demeure l’aspect anecdotique, sans prétention, des observations de la vie au quotidien.
Le père (Serge Riaboukine, Laissez-passer), un écrivain de livres pour enfants, côtoie, le temps d’un été à la campagne, ses deux enfants, Emma (Florence Loiret) et Julien (Hubert Benhamdine). Tous deux début vingtaine, ils découvriront au fil de cette saison de nouveaux méandres à la vie amoureuse. Les fantasmes de Julien, au centre du récit, s’attardent à la libraire du coin, Olga (Delphine Rollin), rencontrée une seule fois mais dont le souvenir envoûtant persiste.
Sur un ton désinvolte, laissant entrevoir un filon autobiographique, le film pose un regard tendre sur les liens qui unissent tous ces gens. Julien est le catalyseur des allées et venues d’une joyeuse ribambelle de personnages, une sorte d’alter ego du cinéaste tant le portrait de ce gentil taciturne sonne juste. Pas de brusquerie, tout se déroule à vitesse de village sans tomber dans la lenteur, et la pétulance d’Alice (Nathalie Boutefeu), amie d’enfance de Julien, empêche l’ennui, semant un peu de chaos dans la tranquillité environnante.
On ricane à maintes reprises, surtout devant l’absurde stratagème de Julien pour capter l’attention d’Olga, qu’il doit secourir d’un "prétendant" trop entreprenant. On aime le sérieux de la démarche dans la profondeur humaine, ténue mais criante de vérité. On aime aussi ce récit qui coule facilement sans que nous nous attardions au comment de l’oeuvre. Les scènes s’imbriquent naturellement pour laisser l’importance des petites choses briller.
Le Chignon d’Olga est peut-être une rencontre avec un successeur de Rohmer dans le savoir-faire soigné des minuscules drames du coeur.
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