Matchstick Men : Mon père, ce zéro
Après avoir tourné quelques mégaproductions (Gladiator, Black Hawk Down), le réalisateur RIDLEY SCOTT se la coule douce en signant Matchstick Men, comédie policière qui mise davantage sur les manies de son personnage principal plutôt que sur les escroqueries auxquelles il se livre.
De fait, Nicolas Cage, toujours parfait pour jouer les névrosés, offre une pétillante composition propre à retenir toute l’attention du spectateur, de la première apparition du drôle d’oiseau jusqu’au spectaculaire dernier coup de théâtre.
Arnaqueur agoraphobe et obsessionnel compulsif, Roy Walter (Cage) confie à son nouveau médecin qu’il a quitté sa femme alors qu’elle était enceinte. Peu après, Roy apprend avec bonheur qu’il est le père d’une fille de 14 ans, Angela (Alison Lohman). Mais pour un maniaque de la propreté – faut voir Cage se livrer à une séance intensive de ménage! -, une adolescente désordonnée n’est pas de tout repos. Malgré tout, une belle relation s’établit entre Roy et Angela, qui, tel père, telle fille, montrera des aptitudes pour l’escroquerie. En dépit des réticences de son partenaire Frank (Sam Rockwell), Roy demande à Angela de participer à un coup consistant à rouler un riche homme d’affaires. Devant des malfrats se vantant gentiment d’être amoraux parce qu’ils arnaquent des gens qui ne le méritent pas, tels les gens âgés et sans recours, pas de quoi s’offusquer du fait que papa recrute sa fillette… pour une fois qu’on ne nous sert pas une irrésistible femme fatale en guise d’arnaqueuse!
D’une esthétique glacée, voire aseptisée comme la demeure de Roy, et baignant dans une atmosphère lounge – tellement cool que le rythme se fait par instants trop langoureux -, Matchstick Men s’inscrit très bien dans la lignée des thrillers élégants à la Ocean Eleven de Steven Soderbergh ou à la Confidence de James Foley, sans pour autant être aussi jouissif que le premier, mais tout en étant plus original que le second. Dosant parfaitement les tics faciaux et vocaux, Nicolas Cage se fait tour à tour inquiétant, hilarant puis touchant. En adolescente délurée, Alison Lohman ravit par son jeu émouvant et sincère. Quant au toujours énergique Sam Rockwell, on regrette qu’il n’ait pas eu un rôle plus étoffé. Et entre deux jolies scènes familiales, Scott a su concocter quelques moments tendus à souhait. Distrayant.
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