Bienvenue chez les RozesEntrevue avec Carole Bouquet : Derrière le masque
Dans Bienvenue chez les Rozes, comédie de moeurs de FRANCIS PALLUAU, CAROLE BOUQUET se détache de l’image de beauté froide qui lui est associée et prouve qu’elle ne craint pas d’explorer différents genres. Malheureusement, le film ne se révèle pas à la hauteur de son talent.
Au delà de la beauté énigmatique qu’on lui connaît, Carole Bouquet est une actrice sensible, intelligente, qui parle de son métier avec simplicité et enthousiasme. "Je crois que ce qui compte dans ce travail, c’est les rencontres qu’on fait avec des gens. Quand ces rencontres se passent bien et qu’on réussit à faire du cinéma, du vrai, c’est-à-dire à raconter des histoires, c’est merveilleux. J’aimerais continuer à faire ce métier pendant des années, parce que ça m’amuse, me réjouit."
Carole Bouquet a 20 ans lorsque Luis Bunuel lui offre son premier rôle dans Cet obscur objet de désir (1977), qui la révèle en France et à l’étranger. "L’expérience fondatrice de ma carrière", explique l’actrice. Par la suite, elle enchaîne les films, oscillant entre drames historiques (Lucie Aubrac), sentimentaux (Trop belle pour toi, Un pont entre deux rives) et comédies (Grosse Fatigue, Embrassez qui vous voudrez).
On la retrouve cet automne dans une comédie de moeurs, Bienvenue chez les Rozes, premier long-métrage du réalisateur Francis Palluau, où elle incarne une mère de famille "atrocement machiavélique et fausse". Ce film loufoque (loin d’être subtil, disons-le tout de suite) raconte les mésaventures de deux repris de justice (Jean Dujardin, Lorànt Deutsch) s’évadant d’un fourgon de police lors d’un transfert pénitencier. Ne sachant où trouver refuge, ils échouent chez les Rozes, petite famille bourgeoise modèle, qu’ils prennent en otages. Mais nos malfrats ont tôt fait de découvrir que cette maisonnée toute de pompons roses et de retenue est loin d’être aussi sereine qu’elle en a l’air. Les deux se trouvent en effet piégés au milieu d’un crescendo de règlements de comptes familiaux qu’ils ont peine à maîtriser.
À aucun moment Carole Bouquet n’a hésité à se lancer dans ce projet, même s’il s’agissait du premier long-métrage de Francis Palluau: "J’ai lu le scénario, que j’ai trouvé extrêmement original. Je pense que dans ce métier il faut faire confiance et prendre des risques, même si on peut parfois se tromper… Et puis quand j’ai rencontré Francis Palluau je l’ai tout de suite trouvé sympathique, prêt à écouter, avec beaucoup de désir, d’enthousiasme, et j’ai voulu me lancer dans cette aventure."
L’actrice considère la comédie comme un genre fascinant, particulièrement difficile à appréhender. "La comédie est une mécanique très précise. Il faut être rigoureux, contrairement à ce qu’on peut penser… C’est un rythme particulier, soutenu, qui ne peut se permettre de pauses, de faux temps, contrairement aux drames. Les acteurs doivent apprivoiser ce rythme et ne jamais le perdre s’ils veulent faire rire."
Certes, mais la fluidité humoristique de Bienvenue chez les Rozes est loin d’être convaincante. Le tout manque de finesse, tombant souvent dans la blague pataude. Cette satire du monde des apparences, qui tourne en dérision le "gratin social" et montre que les gens les plus respectables ne sont pas toujours ceux que l’on croit, enchaîne les gags lourds avec de gros sabots que les acteurs ont du mal à porter malgré leurs efforts.
On doit cependant reconnaître à Mme Bouquet le mérite de vouloir explorer différents genres, se détachant de l’image de beauté fatale, un peu froide, qui lui a longtemps collé à la peau. "Voilà maintenant une dizaine d’années que j’ai des propositions de travail qui vont dans tous les sens: des comédies légères aux drames. Ce qui est formidable, c’est que j’ai plus de liberté aujourd’hui que je n’en avais avant à travers les propositions que je reçois. Les réalisateurs et metteurs en scène ont maintenant beaucoup plus d’imagination à mon égard."
Ainsi aura-t-on la chance de voir l’actrice aux côtés de Jean-Pierre Darroussin dans la prochaine réalisation de Cédric Khan, portrait grave d’un couple d’après l’oeuvre de Georges Simenon. En espérant que ce film soit cette fois à la hauteur de ses talents.
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