Les immortels : Bonheur d’occasion
Avec Les Immortels le réalisateur PAUL THINEL signe un premier long métrage sympathique, sans prétentions, empreint de rêve et de musique. Entretien.
Le film que Paul Thinel a co-scénarisé avec Marc Bisaillon nous fait plonger au coeur d’une petite ville industrielle, victime d’un mercantilisme sans vergogne. On y suit le périple d’un groupe de quatre jeunes (Guillaume Lemay-Thivierge, Isabelle Lemme, Pascal Parent et André Ouellette) qui remporte un prestigieux concours de musique et essaie de percer dans le monde ingrat de cette industrie. En arrière plan se greffe la réalité difficile de grévistes d’usines, victimes de mises à pieds sans fin, témoignant de la fermeture de ces villes en régions. "Pour nous, il s’agissait de faire une comédie dramatique sur fond social…. Au delà de la musique et de la difficulté de ce groupe, il était question de parler de cette petite ville industrielle… de faire un parallèle avec la mise à pied de ces gens…. Parler du monde ordinaire, au prise avec ses problèmes mais qui, trop occupé à vivre, n’a pas le temps de s’apitoyer sur son sort…. Je ne voulais pas faire quelque chose de gris, de triste, même si je parle d’une réalité difficile…. Alors j’ai mis un peu de bleu, de couleurs, d’humour, sur des choses qui pouvaient être ternes." Le tout donne lieu à quelques jolies scènes, comme celle où une danseuse baladi, toute de paillettes dorées, se déhanche dans la grisaille de l’usine sous le regard ébahi d’une fanfare de retraités.
Malgré quelques moments ludiques, le film s’inscrit dans une veine réaliste: "j’utilise beaucoup la caméra à l’épaule. Le film est presque entièrement tourné comme ça…avec une petite dose documentaire…. Je voulais être le plus proche possible de la réalité sans jamais appuyer sur la mise en scène, les gags."
À travers l’histoire d’une fraternité naissante entre deux générations se rejoignant dans une passion commune, la musique, Les immortels propose une exploration du rêve, des regrets, des illusions perdues. "Notre angle d’approche, avec Marc Bisaillon, a été de rallier les jeunes et les vieux de cette ville… On n’a jamais voulu travailler sur un conflit de générations… Il s’agissait plutôt de parler du courage de se lancer, mais aussi du regret de ne l’avoir jamais fait. C’était ces deux écoles de pensée qu’on voulait montrer à travers ces personnages."
Pas question de mentir à l’écran. Les acteurs du film jouent tous véritablement de leur instrument. Isabelle Lemme nous envoûte de sa belle voix. Jean Lapointe est superbe en vieux chef d’orchestre de fanfare, mythomane déchanté.
Les Immortels saisit la réalité de ces petites villes industrielles des régions, trop souvent marginalisées et laissées pour compte par la métropole. Un film humble sur la fraternité, les regrets et la joie de vivre.
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