Image + Nation : Sucré-salé
Cinéma

Image + Nation : Sucré-salé

Après 16 ans d’existence, le festival de cinéma gai et lesbien de Montréal IMAGE + NATION est-il enfin sorti de la garde-robe? Difficile à dire. Voici un petit échantillonnage de ce que le festival propose cette année…

Dancing
Ce film n’est ni un hymne à la danse homosexuelle ni un hymne au disco. En fait, cette oeuvre n’a rien à voir avec tout ce qui pourrait être joyeux, son titre venant plutôt de l’espace en ruine qu’un des deux personnages utilise comme atelier d’art. Pendant que son amant/auteur souffre, le héros est aux prises avec son plus récent spectacle d’installation, hanté par le fantôme qui habite le bâtiment et son esprit. Le film est lourd et troublant, ses images noires menant tranquillement vers la révélation ou le désastre. Pensez à une version gaie et française de Repulsion. Vous en aurez un haut-le-corps, mais pas de frétillement. (DK)

The Gift
"Nous sommes devenus très bons pour faire semblant, mais nous en mourons de l’intérieur." Générant un brouhaha et une controverse mérités, ce documentaire choquant et fascinant redéfinit notre façon de voir le VIH à l’ère censément "post-sida" en Amérique du Nord. Certains homosexuels auraient-ils vraiment arrêté de se protéger dans leurs rapports sexuels, avec l’intention de devenir infectés par le VIH? Pour éclaircir un phénomène grandissant, celui des hommes gais (bug chasers) qui cherchent délibérément à s’exposer au virus (the gift), le documentaire se penche sur cette tendance, ses racines très complexes, et sur la sous-estimation croissante du sida et du VIH ainsi que l’augmentation du taux d’infection en Amérique du Nord (surtout parmi la jeunesse homosexuelle). Des personnages émouvants qui présentent plusieurs facettes de leur histoire. Une histoire dont on parle rarement avec autant d’ouverture de nos jours. (MH)

Party Monster
L’histoire vraie de Michael Alig (Macaulay Culkin), célèbre pour ses partouses de narcotiques dans le fameux Limelight de New York qui l’ont finalement poussé à tuer son coloc et pusher, Angel Melendez. Seth Green, qui joue James St. James, le mentor d’Alig, vole la vedette à chaque scène. La trame sonore et les costumes (ainsi que les apparitions de vedettes telles que Marilyn Manson en travesti) évoquent l’ambiance hallucinatoire de l’époque. Mais après tout le plaisir tordu et l’excitation de la première moitié du film, la deuxième n’est pas assez noire ou macabre. Résultat: le meurtre horrible d’Angel – Alig lui a injecté du Drano et a disposé de son corps démembré dans l’East River – laisse les spectateurs moins marqués par cet acte que par les fêtes extravagantes. (RB)

Prey For Rock and Roll
Comment des groupes de filles qui bûchent fort dans les méandres du rock peuvent-ils être aussi propres? Ce film léché à gros budget marque les débuts d’Alex Steyermark (superviseur musical pour Hedgwig and the Angry Itch) et met en vedette Gina Gershon en poulette rockeuse qui frise la quarantaine et ne va nulle part avec son groupe féminin. Tiré de la comédie musicale rock autobiographique de Chery Lovedog, le film suit Jacki alors qu’elle tente de gérer ses membres indisciplinées. Ce film n’est probablement pas le meilleur, ni le pire, que vous verrez lors du festival. La postsynchro est parfois mal orchestrée et le troisième acte, trop faible. Bref, il y a trop de paillettes, de drame déplacé et de cheveux impressionnants (oh que oui!) pour que cela devienne un film lesbien classique. (MH)

Solo
Un des documentaires expérimentaux les plus égocentriques jamais vu – tellement incroyablement quétaine qu’on se surprend à être attiré par sa beauté spéciale, maladroite et pleine de grâce à la fois. Atif Siddiqui, un homosexuel montréalais sensible et excentrique, tente de vaincre ses peurs et ses insécurités face à l’intimité alors qu’il recherche une première relation profonde et significative avec l’homme idéal. Siddiqui met à nu toute sa vie et ses émotions dans ce journal intime/vidéo qui comprend des scènes de thérapie new age, un premier rendez-vous étrange et quelques leçons de tango. Il révèle également le drame d’avoir été violé pendant son enfance et discute ouvertement d’homosexualité avec ses parents anti-homosexuels. Un film à cheval entre le documentaire et la performance artistique qui comprend des reconstitutions drôles et d’un dramatique cucul. (MH)

Image + Nation
Au Parisien et au Centre Eaton
Du 25 septembre au 5 octobre

Information: www.image-nation.org