Chouchou : Pédale douce
Cinéma

Chouchou : Pédale douce

"La rencontrer, c’est l’aimer", dixit l’affiche de Chouchou du réalisateur algérien Merzak Allouache (Alger-Beyrouth: pour mémoire), qui cosigne le scénario avec l’humoriste marocain Gad Elmaleh. Mais qui est-elle au juste? Chouchou a vu le jour accidentellement en pleine répétition alors que Gad Elmaleh s’écria "J’adooore!" à la manière d’un travesti maghrébin aperçu place Pigalle; aussitôt, sa metteure en scène, la comédienne Isabelle Nanty, lui suggéra d’en faire un numéro. Devant le succès du personnage auprès du public, Allouache poussa Elmaleh, qu’il avait dirigé dans Salut cousin!, à faire passer Chouchou de la scène au cinéma. Et Chouchou fut… pour le meilleur et pour le pire.

Se voulant un conte de fées situé quelque part entre Tootsie et Pretty Woman, cette naïve comédie s’étire en un long scénario décousu où Chouchou (Gad Elmaleh) rencontrera une panoplie d’improbables personnages. En fait, Chouchou se compose d’épisodes inconsistants et mal imbriqués les uns aux autres que l’on pourrait intituler "Chouchou chez les prêtres" (impassible Claude Brasseur et Roschdy Zem, surprenant dans un contre-emploi), "Chouchou chez la psy" (gracieuse et sous-utilisée Catherine Frot), "Chouchou retrouve son cousin travelo" (Arié Elmaleh, le frère de l’autre) et… "Chouchou se marie avec Stanislas" (Alain Chabat, qui arbore un look de latin lover sur le déclin). Pour agrémenter le tout, un méchant inspecteur (hystérique Stéphane Boucher) menacera le bonheur de Chouchou. Mais n’ayez crainte, la bonne Sainte Vierge (immaculée Olivia Dessolin) veille sur tout ce drôle de monde.

Dès le départ, Elmaleh et Allouache désiraient que Chouchou comporte des scènes émouvantes afin de ne pas tomber dans la caricature comme La Cage aux folles d’Édouard Molinaro. Mais en évitant la surenchère, les scénaristes ont signé un récit qui manque de tonus et de mordant, et l’ensemble se révèle si maladroit que l’émotion n’est jamais réellement au rendez-vous. De plus, Elmaleh et Chabat s’avèrent trop coincés en présence l’un de l’autre pour nous faire croire à leur belle histoire d’amour. En revanche, on rigole en entendant d’horribles tubes des années 80 que miment des drag queens, par ailleurs plus pâlichonnes que folichonnes. S’amusant à massacrer le français avec autant de bonheur que Jamel Debbouze, Gad Elmaleh possède beaucoup de charisme et rend son personnage tout à fait irrésistible. Néanmoins, on aime mieux Chouchou sur scène qu’au grand écran.

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