Filles uniques : Chaussure à son pied
Les tandems comiques féminins sont plutôt rares au cinéma. Le réalisateur Pierre Jolivet (Le Frère du guerrier, Ma petite entreprise, En plein coeur, Fred) a choisi de changer la donne, arpentant ce terrain avec un certain brio (non sans failles tout de même…). Écrit avec Simon Michael, son fidèle coscénariste, Filles uniques relate la rencontre et l’amitié inopinée entre deux femmes que tout semble éloigner…
L’une (Sandrine Kiberlain), tailleur cintré et petit chignon, est une juge d’instruction un peu coincée. L’autre (Sylvie Testud), jolie petite kleptomane, vit dans l’instant et sort tout juste de prison pour vol de chaussures de luxe. Toutes deux filles uniques, elles trouvent en l’autre la soeur qu’elles n’ont jamais eue et apprennent à se libérer de leur cadre social, formant un duo sympathique et hors du commun. Pierre Jolivet a l’oeil en matière de complicité féminine. Il réunit ces femmes de façon sensible et ludique à l’écran.
Le film démarre de manière rythmée, avec des blagues fines, une symbiose magique et drôle entre les deux actrices. Mais le tout s’essouffle vers la moitié, la comédie sociale laissant place à une histoire policière qui manque résolument de substance. Plutôt que de cultiver la relation singulière qu’il avait au départ, Jolivet choisit de lancer ses deux grâces dans le démantèlement d’un trafic de pièces de casino qui fait stagner l’histoire. Dommage.
Malgré cette faiblesse du scénario, le film n’en reste pas moins une petite comédie pétillante et sans prétention. Il faut dire que l’interprétation de Sandrine Kiberlain et Sylvie Testud, mais aussi des rôles secondaires gravitant autour d’elles (Vincent Lindon, François Berléand, Roschdy Zem), est parfaite. Quant à la lubie commune à ce duo de coquines – les chaussures -, elle donne lieu à quelques savoureuses scènes et répliques. Une amusante révérence à la complicité féminine, par les pieds…
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