Bon Voyage : Chassé-croisé
Cinéma

Bon Voyage : Chassé-croisé

Juin 1940. Les Allemands préparent leur entrée dans Paris. Une grande partie de la capitale française, gratins mondain et politique en tête, prend la fuite vers Bordeaux où règne un chaos sans précédent. Trains bondés, hôtels complets, familles en exode dormant à la belle étoile… Période sombre que celle de la guerre et de la débâcle en France, certes. Mais le réalisateur Jean Paul Rappeneau (Le Hussard sur le Toit, Cyrano de Bergerac, Tout feu tout flamme…) et son coscénariste, l’écrivain Patrick Modiano, ont orchestré le tout de façon virtuose, nous entraînant dans un fabuleux ballet aux accents vaudevillesques.

Il aura fallu pas loin de sept ans à Jean Paul Rappeneau, véritable perfectionniste, pour nous offrir Bon Voyage, comédie pétillante à l’esthétique soignée. Un film à la cadence agitée, où anecdotes et Histoire s’entrelacent avec brio. De chassés-croisés en fuites et poursuites, le scénario nous fait glisser d’une péripétie à l’autre, laissant juste assez de temps pour qu’on s’attache au destin de chacun des personnages.

Il y a d’abord Viviane – image type de l’actrice d’époque – diva narcissique et capricieuse (Isabelle Adjani) qui, jouant de ses larmes, manipule tous les hommes sur son passage. Pris au piège de sa sensualité: un jeune écrivain naïf (Gregori Derangère) qui lui sacrifie tout, un ministre plutôt lâche (Gérard Depardieu) et un mystérieux journaliste (Peter Coyote). Et puis, loin de cet univers mondain, il y a Camille (Virginie Ledoyen), ravissante étudiante en physique, déterminée à se battre au nom de la science, le vieux professeur Kopolski (Jean-Marc Stehlé), et Raoul (Yvan Attal), sympathique voyou. En plein tumulte de débâcles, cette belle brochette de personnages se trouve au coeur d’intrigues d’amour, d’espionnage et de meurtre aux rebondissements continuels.

Le jeu des acteurs sonne on ne peut plus juste, s’inscrivant dans le style et le ton des comédies populaires de l’époque. De son lit de satin rose, Isabelle Adjani fait dans l’exubérance et ça lui sied à merveille. Puis il y a les décors, les costumes, et une mise en abîme du cinéma qui offrent tous une jolie part de rêve.

Une fantaisie légère et vivifiante.

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