Intolerable Cruelty : Coen en mode mineur
Dans quelle direction voulaient donc aller les frères Coen, les plus dignes représentants du cinéma indépendant américain, avec Intolerable Cruelty, fable banale sur la guerre des sexes? Qu’a-t-il bien pu arriver aux créateurs de Fargo et de The Man Who Wasn’t There?
Après avoir attrapé son riche époux (Edward Herrmann) folâtrant dans les bras d’une autre, Marilyn Rexroth (Catherine Zeta-Jones) demande le divorce, croyant ainsi pouvoir lui soutirer un joli petit magot. Heureusement, Miles Massey (George Clooney), LE spécialiste en droit matrimonial, veille au grain. La cupide Marilyn, qui rêve d’indépendance financière, devra donc momentanément s’avouer vaincue jusqu’à ce qu’elle réussisse à attraper une autre victime dans ses filets et à mettre Miles dans sa petite poche.
Tourné avec un scénario qui avait circulé à Hollywood pendant huit ans et dont personne ne voulait, Intolerable Cruelty traite d’une course à la richesse où tous les coups sont permis. À partir d’un canevas aussi alléchant, on aurait pu s’attendre à des répliques cinglantes, à des rebondissements inattendus et à de l’ironie à revendre. Mais il n’en est rien. Bien sûr, certains dialogues font sourire, mais on est loin des screwball comedies, ces comédies de situation des années 1930 popularisées par Hawks et Capra auxquelles les frangins Coen voulaient faire référence.
Intolerable Cruelty aurait pu n’être qu’une insipide comédie romantique sans l’intéressante galerie de personnages que les Coen nous donnent à voir. Passés maîtres dans l’art de déstabiliser le spectateur, ils récidivent en nous présentant des personnages tous plus loufoques les uns que les autres. On n’a qu’à penser à Miles (excellent Clooney) et à son obsession pour les dents blanches, à Howard Doyle (Billy Bob Thornton), un cow-boy qui fait dans le film à petit budget, ou encore à une Marilyn qui se vautre dans le luxe, incarnée avec beaucoup de conviction par une Zeta-Jones en pleine possession de ses moyens. Malgré ses défauts qui ne le rendent pas totalement inintéressant, ce 10e long métrage des frères Coen ne passera probablement pas à l’histoire.
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