The Event : Mort assistée
Cinéma

The Event : Mort assistée

Dans The Event du Canadien Thom Fitzgerald (The Hanging Garden), Nicole De Vivo (Parker Posey), avocate à New York, décide de lever le voile sur le mystère entourant la mort de Matt Shapiro (Don McKellar), un violoncelliste atteint du sida. L’avocate est en effet persuadée que cette mort fut assistée, voire provoquée, afin d’alléger les souffrances du musicien. Elle se met donc en devoir de rassembler les pièces du puzzle car, aux yeux de la loi, un crime a été commis.

On reconnaît à Fitzgerald, tout comme dans The Hanging Garden, ce fabuleux talent d’architecte cinématographique. Chaque scène s’emboîte avec la suivante, minutieusement ajustée, semant un désordre apparent, mais construisant lentement un opus sensé à la Exotica d’Egoyan. Il faut laisser couler le film, patiemment, puisque le récit s’appuie sur des témoignages qui prendront leur plein potentiel ultérieurement. Il est évident que la préoccupation première du réalisateur n’est pas de nous ébahir avec un coup de théâtre magistral, mais plutôt de nous brancher sur l’émotion des personnages. Cette émotion est hautement palpable et, fait rare, tous les acteurs brillent: Olympia Dukakis, dans le rôle de la mère de Matt, suscite une empathie instantanée; Brent Carver (Lilies) joue Brian, le chum officiel qui insuffle la force tranquille et la dignité de celui qui souffre en silence; et Réjean J. Cournoyer, la drag queen, s’illustre en donnant une raclée à un policier trop curieux tout en clamant "You don’t fuck with a drag queen!".

Outre un soupçon de comédie çà et là, on a la gorge nouée, touché devant une telle démonstration d’humanité. Chez Fitzgerald, pas de pathos gratuit ni de musique lacrymogène, seulement un bref air doux de violoncelle, qui sied à la réalité terre-à-terre du film. Il préfère une palette peu colorée, automnale, tournée en numérique. Même si, au centre de The Event, on retrouve le milieu homosexuel et le sida, il n’en demeure pas moins que la mort, celle que nous subirons tous, semble plutôt être le sujet central de ce magnifique film.

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