Veronica Guerin : Accent de vérité
Le réalisateur JOEL SCHUMACHER (Phone Booth, 8 mm) aurait difficilement pu trouver personnage plus intéressant que celui de Veronica Guerin pour son dernier film qui nous fait découvrir une héroïne des temps modernes.
Journaliste à l’emploi du Sunday Independent de Dublin, cette femme au destin exceptionnel n’avait pourtant pas choisi le sujet journalistique le plus facile: le crime organisé. Assassinée par les barons de la drogue le 26 juin 1996, à l’âge de 37 ans, parce que ses reportages devenaient trop menaçants, elle a rapidement été élevée au statut d’idole nationale en Irlande.
Puisque le décès de Veronica Guerin est un fait connu du grand public, Schumacher a judicieusement choisi de commencer le film avec la journée qui a fait basculer son destin. Par un habile retour en arrière, le réalisateur remonte le cours du temps pour rendre un hommage à la femme fascinante qu’elle était ainsi qu’à la profession qu’elle exerçait.
Journaliste-vedette au Sunday Independent, Veronica Guerin (Cate Blanchett) se consacre corps et âme à son travail et mène tant bien que mal en parallèle les rôles de mère et d’épouse. Dans le cadre d’une enquête sur un réseau de trafiquants d’héroïne dans un quartier malfamé de Dublin, Veronica en vient rapidement à voir sa vie menacée par les gros bonnets de l’organisation, qui veulent sa peau. Malgré les inquiétudes de son mari Graham (Barry Barnes), les avertissements répétés de sa mère (Brenda Fricker, un choix judicieux), la balle tirée à bout portant dans sa cuisse un soir de Noël pour lui faire peur ainsi que les menaces de mort et d’enlèvement de son fils, l’entêtée journaliste a poursuivi cette quête de la vérité qui lui fut fatale.
Joel Schumacher, qui n’avait jamais "commis" d’oeuvres majeures, trouve avec Veronica Guerin son film le plus achevé. Sa mise en scène assez sobre dans l’ensemble, son montage fluide ainsi que le choix des acteurs (presque tous des inconnus, ce qui ajoute à la véracité) conviennent au drame que l’on veut évoquer. Évidemment, comme il s’agit d’une production Jerry Bruckheimer (Black Hawk Down, Pearl Harbor, Armageddon), on ne s’étonne guère que certains moments forts soient soulignés à gros traits musicaux. Ce qui agace parfois, surtout lors de la scène finale étirée à outrance et conçue pour faire sortir les mouchoirs.
Mais Veronica Guerin vaut surtout le déplacement pour la performance de Cate Blanchett qui incarne de façon convaincante cette journaliste à la recherche de la vérité. En plus d’avoir le physique de l’emploi (elle ressemble à Guerin comme deux gouttes d’eau), Blanchett parvient à insuffler à ce personnage suffisamment d’humanisme, de persévérance et de courage pour faire oublier l’actrice qui joue un rôle. La course aux Oscars serait-elle déjà lancée?
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