Radio : Fait divers
Cinéma

Radio : Fait divers

Bien naïfs ceux qui croient encore que la mention "inspiré d’un fait vécu" est nécessairement un gage de qualité.

À preuve, ce mélo sirupeux de Mike Tollin qui relate l’amitié inébranlable entre Harold Jones (Ed Harris), entraîneur de l’équipe de football d’une école secondaire, et James Robert Kennedy, dit Radio (Cuba Gooding, Jr.), un handicapé intellectuel qui deviendra son assistant. Un noble exemple d’humanisme et de dévotion que le réalisateur de Summer Catch détruit sous une avalanche de scènes sportives platement filmées, de coups de violons bien appuyés de James Horner (Titanic) et, surtout, de clichés véhiculés par des personnages schématiques tous plus bien-pensants les uns que les autres – à l’exception, bien sûr, des "pas fins" qui voudront empêcher Radio de poursuivre sa quête du bonheur.

Écrit par Mike Rich, qui avait signé le très conventionnel drame sportif The Rookie de John Lee Hancock, Radio dégouline de bonnes intentions tout en provoquant le malaise. Campée dans une petite ville de la Caroline du Sud durant les années 70, la leçon de vie qu’on nous sert s’étire en une longue suite de scènes prévisibles ayant pour but de nous faire gober que l’implication de Radio dans sa communauté s’avère tout aussi bénéfique, sinon plus, pour lui-même que pour son entourage. Pourtant, à le voir se démener comme un singe sur le terrain de foot, on a plutôt l’impression que cet homme fait figure – et n’a pas cessé de le faire, comme le prouvent les images du vrai Radio défilant durant le générique final – de vulgaire mascotte. Comme intégration valorisante dans la société, on repassera.

Alors que le sobre Ed Harris demeure imperméable aux torrents de guimauve, Cuba Gooding, Jr., affublé d’une ridicule prothèse dentaire, en fait des tonnes. À tel point que son Radio devient vite aussi exaspérant que le Jar Jar Binx de Star Wars: Episode 1 – on est bien loin des performances inoubliables et attachantes de Dustin Hoffman (Rain Man) et de Tom Hanks (Forrest Gump). Et dire qu’on a tiré la pauvre Debra Winger des boules à mites pour lui offrir trois ou quatre tours de piste dans le rôle postiche de la bonne épouse. Du gaspillage de talent (et de temps!) qui aurait mérité d’atterrir directement sur les tablettes des vidéoclubs.

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