The Eye : Chinese Ghost Story
Le cinéma devient de plus en plus une affaire de famille. Après les frères Coen, Wachowski, Farrelly, Zucker, Taviani et compagnie, place aux jumeaux thaïlandais Oxide et Danny Pang, qui pourraient à leur tour accéder à la reconnaissance grâce au thriller surnaturel The Eye, qui arrive sur les écrans juste à temps pour l’Halloween. Inspiré d’un fait divers paru dans un journal de Hong Kong – une jeune greffée de la cornée aurait mis fin à ses jours après avoir retrouvé la vue -, The Eye insuffle une bonne dose de frissons aux amateurs du genre.
Aveugle depuis l’âge de deux ans, Mun (Sin-Je Lee, convaincante) souhaite recouvrer l’usage de ses yeux après 18 années passées dans l’obscurité. Son espoir repose sur une greffe de la cornée qu’elle doit subir incessamment. Comme l’opération se déroule à merveille, la jeune femme s’habitue peu à peu à ce nouvel univers visuel, jusqu’à ce qu’elle prenne conscience que certaines ombres qu’elle aperçoit ne sont pas nécessairement vues par les autres. Serait-elle hantée par les spectres comme le petit Cole dans The Sixth Sense? Inquiète de la situation, elle consulte Wah (Lawrence Chou), le médecin responsable de sa greffe, avec qui elle enquêtera jusqu’en Thaïlande afin de découvrir la vérité.
Après avoir traité de la surdité dans leur premier long métrage, Bangkok Dangerous, les frères Pang poursuivent leur exploration des sens en abordant cette fois la cécité, tout en évitant les clichés du film d’aveugle. Les réalisateurs utilisent de façon extrêmement efficace, voire diabolique, la caméra subjective afin de nous montrer la vision déformée qu’a Mun de la réalité. Le spectateur, qui n’en sait pas davantage que le personnage, se trouve plongé dans l’ignorance et, par conséquent, dans l’angoisse la plus totale. À cet égard, la scène au cours de laquelle Mun prend l’ascenseur s’avère particulièrement troublante, d’autant plus que les réalisateurs, qui ont effectué eux-mêmes le montage de façon redoutable, prennent plaisir à étirer le temps au maximum.
Malgré une finale cousue de fil blanc, The Eye parvient à se hisser au-dessus des films de série B grâce à de beaux effets visuels, une musique effrayante à souhait ainsi que des acteurs n’en faisant pas plus qu’on ne leur en demande.
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