Cinemania : Take nine
Cinéma

Cinemania : Take nine

Pour une neuvième année consécutive, le Musée des beaux-arts accueille, du 6 au 16 novembre, CINEMANIA, le festival de films en français (subtitled in English). Une occasion agréable pour les anglophones – mais pas interdite aux francophones – de voir des films sans prétention présentés pour la plupart qu’en festival.

Pour cette neuvième édition de Cinemania, les programmateurs ont sélectionné 21 films au Festival de Cannes, soit quatre de plus que l’année dernière, ayant pour principale thématique la famille. Au programme, des premières sous-titrées qui permettront de revoir l’adaptation libre d’un roman de Stefan Zweig, 24 heures dans la vie d’une femme de Laurent Bouchnik, avec Agnès Jaoui; l’élégant et féroce drame de moeurs La Fleur du mal de Claude Chabrol; ainsi que Son frère de Patrice Chéreau, présenté au FCMM et prix du meilleur réalisateur au Festival du film de Berlin.

En primeur, on présentera Ni pour, ni contre (bien au contraire) de Cédric Klapisch, qui sortira le 14 novembre; Des plumes dans la tête de Thomas de Thier, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs et rappelant le chef-d’oeuvre de Terrence Malick, Days of Heaven; et, seul documentaire au menu, Piaf: sa vie… ses chansons de George Elder. Parmi les autres premières, mentionnons également Le Lait de la tendresse humaine de Dominique Cabrera, qui a récolté la Mention spéciale du jury pour l’ensemble des acteurs à Locarno; la comédie Ah! Si j’étais riche de Michel Munz et Gérard Blitton, avec Jean-Pierre Daroussin; Laisse tes mains sur mes hanches de et avec Chantal Lauby, qui réfléchit avec humour au vieillissement chez les femmes; et Quand tu descendras du ciel, prix du public à Angers, d’Éric Guirado dont le style et les thèmes évoquent Robert Guédiguian.

En guise de film d’ouverture, Rire et Châtiment, premier long métrage d’Isabelle Doval, met en vedette l’exubérant José Garcia (La Vérité si je mens!) dans la peau d’un ostéopathe qui doit réviser ses valeurs et maîtriser son naturel comique; une comédie romantique qui se veut profonde. Pour clore le festival, le drame Mes enfants ne sont pas comme les autres avec Richard Berry incarnant un violoncelliste sévère envers ses enfants musiciens. Voyons de plus près ce que Cinemania nous réserve encore:

Sur le bout des doigts
Bien qu’il n’atteigne jamais l’intensité de Sonate d’automne de Bergman ou qu’il ne provoque pas l’inconfort comme La Pianiste de Michael Haneke, ce drame intimiste d’Yves Angelo (Le Colonel Chabert) donne par moments froid dans le dos. Fille d’une pianiste de renom, Juliette (Marina Hands) enseigne le piano à sa fille Julie (la jeune pianiste Anne-Sophie Latour). Jalouse du talent de sa fille avec qui elle vit une relation fusionnelle, Juliette adopte une attitude de plus en plus hostile et dangereuse vis-à-vis de Julie. À l’instar de Voleur de vie, Angelo cadre toujours de plus près ses personnages qui souffrent en silence sans susciter réellement d’émotion. Et même si les oeuvres de Bach, de Chopin et de Schubert prennent la place des dialogues, l’ennui s’installe. Inachevé. (MD)

Moi, César, 10 1/2 ans, 1 m 39
Le dernier film de Richard Berry (L’Art délicat de la séduction) est à mi-chemin entre le Conte pour tous et un mauvais épisode du Club des cinq… César (charmant et talentueux Jules Sitruk, découvert dans Monsieur Batignole), gamin parisien de dix ans et demi un peu balourd, est amoureux de la "plus belle fille de l’école" Sarah Delgado (adorable Joséphine Berry). Outre les préoccupations causées par ce nouveau sentiment pré-adolescent, la vie du petit César se limite à tenter de découvrir de quoi discutent les grandes personnes quand elles le chassent dans sa chambre. Si la première partie réussit à nous transporter dans l’univers de César en nous ramenant instinctivement à notre propre enfance, à nos ébauches d’amours, aux histoires inventées, à nos premières frustrations et incompréhensions de toutes sortes, la seconde partie vient gâcher cet état, avec une rocambolesque histoire dans les rues de Londres… Mignon, sans plus. (Natalie Dion)

Madame Brouette
Coproduction canado-franco-sénégalaise, cette comédie dramatique de Moussa Sene Absa raconte le destin difficile de la fière Mati, dite Madame Brouette (impétueuse Rokhaya Niang), une Sénégalaise divorcée qui n’en a que faire de la misogynie des hommes et de la corruption des autorités policières. Malheureusement, Mati tombe amoureuse du policier Naago (Aboubacar Sadikh Bâ, prix du meilleur acteur au Festival du film de Paris), un coureur de jupons invétéré. Ponctuée par le chant des villageois, cette histoire d’amour fatale construite en flash-back prend tour à tour des airs de tragédie grecque et de drame lyrique. Récipiendaire de l’Ours d’argent pour la meilleure musique, Madame Brouette livre avec une simplicité désarmante un triste constat de la situation de la femme en Afrique occidentale. À faire grincer les dents. (MD)

Bon festival!

Festival Cinemania
Du 6 au 16 novembre

Info: cinemaniafilmfestival.com, (514) 878-0082