La Face cachée de la lune : Espace vital
La Face cachée de la lune , c’est l’histoire toute simple d’un homme, avec ses souvenirs, ses rêves, ses épreuves; le tout sur fond de conquête spatiale.
Plus qu’une métaphore, celle-ci devient l’objet autour duquel se reconstruit l’identité du héros. Ainsi, Philippe (Robert Lepage, juste), un intello dans la quarantaine qui travaille dans un centre d’appels en attendant d’être enfin reçu au doctorat, tente de se rapprocher de son frère André (Lepage, plus typé), un lecteur de météo sûr de lui, riche et maniéré, la seule famille qui lui reste depuis le récent décès de sa mère (Anne-Marie Cadieux), dont il se souvient avec affection.
Pièce de théâtre ludique, La Face cachée… se traduit ici en un film très "cinématographique", une manière de poésie visuelle stylisée (mais sans les trucs à la mode habituels) et fantaisiste. Un travail de l’image qui ne se contente pas de flatter l’oeil, mais s’applique aussi à créer des liens, des sens inattendus. Sans compter que l’oeuvre fait éclater de manière convaincante la voix unique du spectacle solo, dans une mise en scène qui n’a plus de théâtral que ce côté joueur, qui s’applique d’ailleurs tout aussi bien au cinéma. Seul bémol, le fait que Lepage joue les deux personnages principaux passait sans doute mieux sur scène… Autant dire que l’exercice d’adaptation apparaît généralement réussi.
Le cinquième long métrage de l’homme de théâtre est personnel et visuellement imaginatif: on pouvait s’y attendre, compte tenu de sa feuille de route; il est heureusement plus que cela. Comme en réponse à Philippe, qui se demande comment allier questions existentielles et banalité quotidienne, le film crée un bel équilibre entre les réflexions métaphysiques du héros et les aléas de sa vie journalière, entre les idées et l’humour. Ainsi s’amuse-t-on de dérision pince-sans-rire, d’ironie, d’antagonismes, d’auto-clins d’oeil, de traits de caractère… Tout comme on savoure le commentaire. Et si le discours semble parfois chargé ou la trame, éparpillée, tout finit par se rejoindre (la lune comme miroir, le narcissisme, la quête d’identité…), jusqu’à la bande sonore qui fait entendre Sonate à la lune…
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