Ma voisine danse le ska : Le mal de vivre
Rues vertes et joyeuses du Plateau Mont-Royal. C’est l’été. Auguste (Frédéric Desager) s’amuse à surprendre des passants en les photographiant. En quelques plans rapides et serrés, le film présente son bonheur auprès de sa femme et de sa petite fille. Mais le malheur frappe, et il perd ces deux êtres aimés dans un accident de voiture. Ellipse temporelle. On le retrouve quelques mois plus tard, au coeur de la grisaille hivernale montréalaise. Au bord du suicide, il erre inlassablement dans les rues. Jusqu’au jour où, alors qu’il s’apprête à commettre l’irréparable, sa voisine de palier (Alexandrine Agostini) le rappelle à l’ordre dans des circonstances des plus inusitées… Il est belge, photographe, et provocateur. Elle est mère d’une petite fille, célibataire et libidineuse. Chassé-croisé de solitudes sur fond urbain…
Avec Ma voisine danse le ska, Nathalie Saint-Pierre signe un premier long-métrage sensible et sympathique; portrait doux-amer de la difficulté de refaire sa vie dans un monde où les rapprochements humains sont souvent complexes. Pas question pourtant de faire dans le sentimentalisme. Le film opte pour un ton drôle, ponctué de fantasmes délirants. On rit par exemple des techniques de drague d’Isabelle, qui tente maladroitement de séduire un étudiant à son cours de tango… La réalisatrice montre le côté tragicomique d’une vie faite de solitudes, et de rencontres inopinées.
Et puis il y a les illusions perdues de la trentaine. Les aspirations artistiques qui laissent la place au raisonnable. Isabelle rêvait de photographie. Elle finit dans un centre de développement, à regarder des pellicules défiler toute la journée sous ses yeux. Auguste, lui, travaille pour un détective miteux. Heureusement qu’au coeur de cet univers, règnent la candeur et la joie de vivre de Leica, la superbe petite fille d’Isabelle, qui parvient à rapprocher ces deux êtres.
Les dialogues sont caustiques. Ils montrent de façon amusante les clivages pouvant exister entre cultures belge et québécoise. Égal à lui-même, Paul Buissonneau est savoureux en vieux détective alcoolique et exubérant, n’ayant de cesse de ressasser son arrivée au Québec, son amour pour la photo, sa vie ratée… Le tout est ponctué des rythmes musicaux de Roland Bréard et Les Abuseurs publics, donnant une certaine vivacité à l’ensemble.
Un joli premier film.
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