Robert Downey Jr. : Passé composé
Pour marquer son retour au grand écran, ROBERT DOWNEY JR. joue un rôle qui relève du tour de force et fait dire à son producteur Mel Gibson que l’acteur obtiendra enfin l’Oscar qu’il n’a jamais reçu pour Chaplin.
The Singing Detective débute avec une image de Robert Downey Jr. difficile à regarder: l’acteur est confiné à son lit d’hôpital, son corps couvert d’un affreux psoriasis, sa main paralysée par l’arthrite. Les choses ne peuvent que s’améliorer, semble-t-il.
Downey Jr. interprète Dan Dark, un auteur de polars avec un gros problème: il ne peut dissocier la réalité d’hallucinations dues aux doses massives de médicaments antidouleur qu’on lui donne à l’hôpital. Il devient paranoïaque et se met à imaginer que tous veulent sa peau.
L’histoire ne semble pas si loin des cinq dernières années de la vie de Downey Jr. lui-même.
"Dan Dark est un crétin syphilitique misérable", raconte l’acteur en sirotant un thé au jasmin. Ses yeux sont clairs et son esprit aiguisé, malgré certains coq-à-l’âne, et il porte une veste stylée à la Sherlock Holmes sur un t-shirt bleu et des baskets.
L’acteur de 38 ans, considéré par plusieurs comme l’un des plus talentueux de sa génération, tente incontestablement un retour avec son rôle dans The Singing Detective, après que Mel Gibson, le producteur, l’en eut persuadé, dans un effort pour sauver sa carrière. Peut-on faire un parallèle entre le passé de Dark et le passé sombre de Downey – trop de cocaïne, trop de temps en cour et une sentence de prison? "C’est plutôt un parallèle avec la vie de l’auteur, Dennis Potter. Mon histoire à moi serait quelque peu différente. Elle prouve qu’il est possible de se rétablir miraculeusement de situations sans espoir, quand le coeur y est et qu’on bénéficie du support nécessaire. Je crois que ça a à voir avec le processus de maturation, de corps et d’esprit, d’un individu."
Downey avoue s’être amusé avec ce rôle même s’il s’agissait d’une des choses les plus difficiles de sa vie: "J’aime relever des défis. Je suis doué pour tout ce qui a un degré de difficulté élevé, explique-t-il. Ce sont les choses simples qui me prennent au dépourvu. Je ne sais pas pourquoi. Je sais faire les choses difficiles, et ce rôle l’était vraiment. N’essayez pas ceci à la maison."
Les rôles difficiles au cinéma ne sont évidemment pas grand-chose comparés aux vrais coups durs de la vie de Downey. Il a eu plus que sa part de hauts et de bas, mais pour le moment, tout semble vouloir aller pour le mieux, selon le principal intéressé.
"Les fans et le public en ont assez de toutes ces histoires sans cesse ressassées, lance-t-il lorsqu’on tente d’aborder le sujet de sa santé physique et mentale. Vraiment, si j’allais toujours mal, ça se verrait."
Évidemment, Downey éprouve une certaine amertume face à son passé: "Mais maintenant, les choses sont différentes." Ce qui est différent, c’est que Downey joue maintenant les bons pères avec son fils de 10 ans, Indio, issu de sa relation avec l’actrice Deborah Falconer. Entre les tournages, il apprend à connaître ce fils qu’il a peu côtoyé durant les 10 premières années de sa vie. Sa relation est-elle différente maintenant? "Qu’en pensez-vous? rétorque-t-il. Je passe beaucoup plus de temps avec lui. Je l’ai tous les week-ends et il adore ça."
Et après avoir vécu une période où sa popularité était comparable à celle de la lèpre, Downey Jr. est à nouveau en demande à Hollywood. "Je reçois maintenant plus d’offres que jamais. Des rôles qu’on ne m’aurait jamais offerts il y a cinq ans."
Il existe une différence énorme entre le Downey jouant au yo-yo avec le système judiciaire californien et le Downey qui travaille de façon régulière. "Auparavant, je ne faisais attention à rien. Je tournais un film et ensuite, je recevais des offres auxquelles je disais non simplement parce que j’étais en route vers un bar quelconque, et je me trouvais vraiment trop occupé. Je me retrouvais dans des placards avec des billets de 100 $ roulés (pour sniffer de la coke) et je me disais: ne m’appelez pas maintenant. J’étais une véritable peste. Maintenant, je ne suis plus un obstacle à mon succès."