The Matrix Revolutions : Maudite machine
Cinéma

The Matrix Revolutions : Maudite machine

Six mois après la fin abrupte du second volet, The Matrix Reloaded, The Matrix Revolutions reprend le récit exactement où on l’avait laissé. Émergeant du coma, Neo (Keanu Reeves, toujours aussi esthétique qu’inexpressif) apprend qu’il doit se rendre à la Source – à moins que ce ne soit chez le Magicien d’Oz -, dans la Cité des machines, qui lui permettra de retourner dans la Matrice afin d’affronter son double négatif, l’agent Smith (Hugo Weaving, le seul qui semble s’amuser au sein de cette distribution monolithique), qui a réussi à pénétrer le monde des machines. Pendant ce temps, les forces militaires de Zion, la ville souterraine où vivent les êtres humains libres, devront combattre l’armée puissante des Sentinelles.

En 1999, Andy Wachowski et Larry Wachowski ont signé un film de science-fiction audacieux et imaginatif où un jeune informaticien découvrait que l’humanité vivait dans une réalité virtuelle contrôlée par des machines. Attitude cool, fringues de vinyle d’inspiration gothique, lunettes noires impénétrables, combats de kung-fu aériens, effets spéciaux novateurs: The Matrix avait tous les éléments pour devenir un film-culte. Dommage que les frangins se soient crus obligés d’en faire une trilogie, car tout ce qui faisait le charme de l’original paraît aujourd’hui bien ampoulé et un tantinet auto-parodique. Quatre ans après la sortie du premier volet, comment ne pas avoir envie de rire devant cette suite prétentieuse qui puise à même la culture judéo-chrétienne et la mythologie gréco-romaine pour se donner de la profondeur? Devant cette ribambelle de personnages unidimensionnels qui prononcent des phrases creuses sur un ton mécanique, on se croirait dans l’univers bêtement manichéen de George Lucas où l’on aurait tout simplement remplacé la Force par la Foi. Les rares apparitions de l’Oracle (Mary Alice, en remplacement de feu Gloria Foster) qui ne cesse de répondre évasivement (et de répéter le mot choix à propos de tout et de rien entre deux fournées de biscuits) trahissent à elles seules le manque d’inspiration des scénaristes, qui voulaient sans doute donner à ses paroles prophétiques une saveur métaphysique.

Après avoir exploité une veine plus sensuelle dans le second volet, les Wachowski livrent une oeuvre dénuée de toute chaleur – hormis la présence de la charnelle Monica Bellucci et du suave Lambert Wilson – où le sort de l’humanité nous laisse de glace. Ainsi, à la fin de la pétaradante attaque des méduses de métal qui semblait vouloir s’éterniser, peut nous chaut de savoir qui aura survécu. Et lorsque vient enfin la dernière confrontation entre Neo, figure plus christique que jamais, et Smith – l’antéchrist ? -, on reste sur notre appétit. Leurs combats n’ont-ils pas été plus musclés dans les précédents opus? À l’instar des chorégraphies, les effets spéciaux sentent le réchauffé. Demeure ce plan, presque poétique, de gouttes de pluie effleurant au ralenti le poing de Neo, ce qui est bien peu à se mettre sous la dent. Heureusement, comme le dit si bien l’Oracle: tout ce qui a un début a une fin…

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