Rétrospective Roman Polanski : Étonnant itinéraire d'un cinéaste
Cinéma

Rétrospective Roman Polanski : Étonnant itinéraire d’un cinéaste

Conjointement avec le 4e Festival des films polonais de Montréal, la Cinémathèque québécoise offre une rétrospective de l’intégrale de l’oeuvre de ROMAN POLANSKI. Peintre de l’angoisse, des tourments, maître incontesté des univers clos oscillant entre réel, cauchemar et fantastique: les films de Polanski arpentent le monde du masque et de la solitude.

Né à Paris en 1933, Polanski a grandi en Pologne. Fils de la Seconde Guerre mondiale et du ghetto juif de Cracovie, il échappe aux camps de concentration où il perd sa mère – on sent d’ailleurs la blessure de cette expérience à travers son dernier film, Le Pianiste (Palme d’or à Cannes 2002). Étudiant à l’école de cinéma de Lodz (Pologne) après un passage aux Beaux-Arts, il sera marqué par la découverte du surréalisme, à une époque où le gouvernement polonais autorise le seul enseignement des aspects réalistes socialistes de l’art, mais aussi fasciné par Citizen Kane, le théâtre de l’absurde, Beckett et Kafka. Cinéaste sans frontières, glissant entre les pays et les genres, Polanski a constamment cherché à se réinventer.

Parmi la programmation de la Cinémathèque, qui présente les courts-métrages du réalisateur comme Rire de toutes ses dents (1957), Le Gros et le Maigre (1961); ses premiers films: Le Couteau dans l’eau (1962), Cul-de-sac (1966), Le Bal des vampires (1967); et des oeuvres mûres et violentes comme Macbeth (1971) – réalisé peu après l’assassinat de son épouse Sharon Tate -, on suggérera quelques incontournables…

D’abord Chinatown, enquête policière dans la tradition du film noir, inspiré par l’écriture de Raymond Chandler et Dashiell Hammet. Gravitant autour d’une histoire de corruption, l’intrigue saisit magnifiquement bien l’atmosphère des années 30 à Los Angeles. Avec Jack Nicholson, Faye Dunaway et John Huston.

Répulsion (Ours d’argent à Berlin en 1965) qui nous fait plonger dans un univers de psychose alors que, laissée à elle-même entre les quatre murs de son appartement, une jeune manucure au visage de cire et à la sexualité trouble (Catherine Deneuve) sombre dans la folie. Ses nuits sont alimentées de rêves surréalistes, d’hallucinations cauchemardesques. Polanski propose un voyage introspectif dans les bas-fonds d’une pathologie terrifiante.

Finalement, Rosemary’s Baby (1967), thriller fantastique, d’après un livre d’Ira Levin. Le film raconte l’histoire d’un couple (Mia Farrow et John Cassavetes) récemment installé dans un appartement à New York. Enceinte, la jeune femme se sent harcelée par ses vieux voisins et se met en tête qu’ils sont des sorciers envoyés par Satan pour lui enlever son bébé. Jouant d’une frontière diffuse entre délire, imaginaire macabre et réalité tangible, Polanski nous entraîne de nouveau dans l’effroyable.

De la sorcellerie à la folie et à la perversion (Lunes de fiel), en passant par le portrait plus classique d’une femme déchirée (Tess) ou d’un homme fuyant l’extermination nazie (Le Pianiste), l’oeuvre de Polanski est vaste, fascinante. À voir.

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