Stormy Weather : Liaison houleuse
Cinéma

Stormy Weather : Liaison houleuse

Le spleen de Stormy Weather envahit le spectateur dès le premier plan. En un superbe poème urbain, Solveig Anspach, réalisatrice américano-islandaise établie à Paris (Haut les coeurs!, Made in the USA), décrie les affres de la condition humaine et la complexité morbide de la communication. De son regard glacial, elle dissèque une relation psychiatrique singulière pour dévoiler les abîmes qui séparent les cultures et les Hommes. Une jeune psychiatre découvre une femme perdue dans l’hôpital où elle travaille. Elle décide de la prendre en main. Une relation houleuse se tisse entre Cora, la splendide et brillante médecin (Élodie Bouchez) et Loa, la vieille évadée islandaise (Sigurlaug Jonsdottir) qui a des troubles mentaux et que l’on pense muette. Relation de dépendance destructrice qui s’achève par le départ de Loa pour son île volcanique, Vestmannaeyjar. La psychiatre, blessée, décide de suivre sa patiente dans le brouillard et la tempête de l’île islandaise; elle découvre que celle-ci vit normalement avec son mari et leur enfant, et qu’elle refuse d’être traitée.

Avec la froideur d’un documentaire, Stormy Weather montre la jeune Française errant dans le cratère du volcan, entre les murs dépouillés de l’hôpital islandais macabre, de l’usine de poisson où toutes les femmes travaillent, de la maison où le mari de Loa se saoule, de la gare sinistre où les départs sont rares: autant de lieux perdus qui personnifient le désespoir et la folie de Loa ainsi que l’impuissance du médecin.

Intense tout en restant maladroit, Stormy Weather oscille entre le documentaire pur et la fiction dramatique. L’intrigue, un peu tirée par les cheveux, est décevante; mais ce film (sélectionné dans la section Un certain regard du Festival de Cannes) demeure fort d’un style puissant, personnel, de quelques scènes splendides et de dialogues émouvants. Par ailleurs, le jeu saisissant d’Élodie Bouchez, que l’on avait déjà remarquée dans La Vie rêvée des anges, vaut à lui seul le détour.

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