

The Secret Lives of Dentists : Anesthésie générale
Séverine Kandelman
Adapté d’un texte de Jane Smiley, le nouveau film d’Alan Rudolph (Afterglow, Mrs. Parker and the Vicious Circle…) propose une réflexion tragicomique sur les misères de la vie conjugale. David Hurst (Campbell Scott) et Dana (Hope Davis) sont mariés depuis 10 ans et travaillent dans le même cabinet dentaire. Il est sérieux, organisé, dévoué à ses enfants. Elle est passionnée, rêve d’opéra et veut croquer dans la vie. Ensemble, ils ont construit ce qu’ils pensaient être le doux bonheur: une maison confortable, un chalet, trois petites filles. Jusqu’au jour où… désenchantement. Cet univers pseudo-parfait s’effrite. Dana exhale ennui, tristesse. Profondément amoureux, David se met à soupçonner qu’elle vit une aventure. De peur de perdre sa femme et de briser son mariage, il choisit de ne pas l’affronter. Il préfère subir, s’enfoncer dans un monde imaginaire où l’un de ses patients (Denis Leary) se fait incarnation d’une conscience fictive lui susurrant de bien mauvais conseils. Portrait de la désagrégation d’un couple… Un sujet traité maintes et maintes fois et qui, outre un parallèle original entre mariage et dents infectieuses grugées par la vie, manque de ressort. Coincé entre les quatre murs d’une maison tapissée, le quotidien étouffant de cette classe moyenne est pourtant bien mis en scène. Mais ces deux personnages sont déjà tellement différents, éloignés au départ, qu’on a du mal à croire à leur relation, à compatir. Pour rendre le déchirement plus palpable, le réalisateur entremêle alors souvenirs heureux et pensées fantasmatiques de David imaginant sa femme s’adonner aux plaisirs de la chair avec les hommes de son entourage. Un voyage introspectif qui, vif et amusant au début, finit par s’avérer répétitif, un peu facile. Notamment à travers l’apparition surabondante de Slater, mauvaise conscience de David, qui perd de son efficacité à terme. On appréciera tout de même le côté burlesque de certaines scènes – celle, entre autres, où la famille se voit ravagée par une grippe intestinale – échappant au sentimentalisme de mise à l’égard du sujet. Alan Rudolph nous offre donc un film inégal qui, agençant séquences drôles comme d’autres moins subtiles, ne prend jamais tout à fait son envol.
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