Entretien avec Tom Cruise : Des hommes d’honneur
Qu’est-ce qui vous a attiré vers le Japon?
Quand j’étais petit, nous n’avions pas de télévision ni Internet. À six ou sept ans, je me suis assis sur le toit de notre familiale dans un ciné-parc; le désert du Sahara emplissait l’écran. J’ai toujours voulu voir d’autres endroits et apprendre comment vivent les gens.
Mais pourquoi le Japon?
Lorsque je suis allé au Japon, c’était très énigmatique. La culture est différente. Elle m’a toujours fasciné et invoque le respect. Je voulais donc en savoir davantage sur ces gens, leur histoire, leur façon de vivre et leur évolution.
Pourquoi êtes-vous prêt à consacrer tant de temps à ce film?
Je consacre beaucoup de temps à chaque chose que j’entreprends. Rain Man et Born on the 4th of July ont pris des années de préparation. Mais ce film était différent, car il m’a fallu près d’un an avant d’être prêt physiquement. Et, honnêtement, je ne savais pas si je serais en mesure de le faire, si j’allais trouver l’élégance dans les mouvements propres aux samouraïs.
Cette préparation méticuleuse semble être un travail très difficile…
J’adore ce que je fais. J’en suis très fier et je ne fais pas les choses à moitié ni aux trois quarts. Je me rends jusqu’au bout.
Mais ce personnage semble si éloigné de votre expérience. Comment avez-vous fait?
En me préparant non seulement physiquement, mais en développant le personnage en fonction de la transition qui s’opère dans sa vie. Je gardais un tas de notes pendant les séquences d’entraînement pour que je puisse me souvenir d’où vient Algren et où il va. Je n’avais jamais vraiment joué dans un film épique comme Lawrence of Arabia et je savais ce qu’Ed (le réalisateur Edward Zwick) tentait de faire avec ce film. C’était très ambitieux sous plusieurs aspects.
Vous semblez avoir pris plaisir à cette expérience…
Ed Zwick est un artiste intelligent et sensible, alors j’y ai pris beaucoup de plaisir. Même lorsque j’étais un jeune acteur, je disais: "Je suis habitué à travailler fort. Je peux servir et débarrasser les tables dans un restaurant." Je n’ai jamais fait un film en lequel je ne croyais pas. Peu importe la tournure qu’il prend, je lui donne tout ce que j’ai à donner. C’est mon approche de la vie et je ne peux faire autrement. Avec moi, il n’y a pas de demi-mesures dans quoi que ce soit, et ce, pour tous les aspects de ma vie.
Comment avez-vous su répondre aux exigences très physiques du rôle?
Lorsque j’ai commencé à travailler, je ne pouvais pas toucher mes orteils, mes mains ne dépassaient même pas mes genoux. Porter une armure de cinquante livres peut sembler facile, mais lorsque vous baissez votre centre de gravité et que vous pliez vos genoux, c’est un poids considérable pour les genoux, l’aine et les jarrets. J’ai gagné vingt-cinq livres de muscles pour ce film et, Dieu merci, j’ai travaillé avec un excellent coordonnateur de cascades, Nick Powell, qui m’a aidé.
À quel type d’entraînement avez-vous eu recours?
Nous avons fait toutes sortes d’exercices d’épée chinoise afin de renforcer mes avant-bras et mes épaules pour que je puisse être capable de reproduire le mouvement et la rotation. Il y a eu quantité d’étirements et de l’entraînement ordinaire: travailler les séquences, apprendre les mouvements, travailler, travailler et travailler, tout comme Algren l’a fait lors de son entraînement.
Est-ce vrai que votre tête est passée à deux cheveux d’être coupée lors d’une scène?
On a vraiment dit que j’ai failli me faire couper la tête? Vraiment? Non, ce n’est pas vrai. Du moins, pas à ce que je sache… Peut-être pendant que j’avais le dos tourné [rires].
En tant que producteur du film, n’étiez-vous pas inquiet que votre premier rôle se blesse?
Je lui ai donné la permission: "Vas-y et fais-le." Il y a tout de même des inquiétudes. Si je me foule quelque chose, il faudra arrêter pendant des semaines. Mais le genre de préparation que je fais et la confiance que je porte aux gens qui m’entourent m’aident. Je dois me ménager, parce que je peux apparaître en gros plan lors d’une scène et je devrai être prêt, mais je me prépare bien.
Qu’attendez-vous de la vie à ce moment-ci de votre carrière? Je souhaiterais vivre dans un monde en paix et sans démence. Je veux que les gens aillent bien. Je ne veux pas vraiment de choses pour moi, mais plutôt pour les gens qui m’entourent.
Comment vous sentez-vous à l’idée d’être en lice pour un Oscar?Le succès et les prix sont super et si je recevais quelque chose de mes pairs, les gens qui comprennent et créent le cinéma, ce serait merveilleux. Mais ce n’est pas pour cela que je fais ce que je fais. Je ne sais pas comment choisir ou participer à un film de cette façon. Je ne sais que faire du mieux que je peux tout en ayant du plaisir.
Traduit par Julie Rozon
The Last Samurai
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