

Michèle Barbara Pelletier : Nez à nez avec l’audace
Premier rôle féminin de la comédie romantique Nez Rouge, MICHÈLE BARBARA PELLETIER dévore la vie, surtout depuis l’arrivée de l’adorable Lili-Jeanne, sa fille âgée de quelques mois. Cette surprise du destin n’est pas sans influencer sa perception du monde qui l’entoure. Portrait d’une comédienne à la brillante carrière.
Karine Gélinas
Michèle Barbara Pelletier arrive tout juste de la métropole. Accompagnée de sa petite famille, elle occupe le second étage, désert, de l’Orange Kaki. Ses yeux pétillants cachent difficilement sa fébrilité, son excitation à lever le voile sur Nez Rouge, dernière production d’Érik Canuel dans laquelle elle joue aux côtés de Patrick Huard. En fait, elle flotte à l’idée que le film allumera peut-être une lueur d’espoir dans le coeur de quelques célibataires découragés de ne jamais se trouver en tête-à-tête avec l’amour.
Comédie légère, Nez Rouge rappelle le danger des humeurs de Cupidon, mais aussi toute la magie qui teinte la période de Noël. Elle met en scène Céline Bourgeois (Michèle Barbara Pelletier), une auteure dont le premier livre a été complètement démoli par le critique Félix Legendre (Patrick Huard). Coup du destin, ces deux protagonistes se retrouvent dans l’organisation Nez Rouge à la veille des Fêtes, et vont jusqu’à faire équipe ensemble. Si Félix Legendre succombe au charme de la jeune écrivaine, Céline, elle, n’a pas oublié les paroles assassines que celui-ci a prononcées à propos de son oeuvre. Elle profite donc des sentiments qu’il lui porte pour planifier sa délicieuse vengeance. Ainsi se succèdent une série d’événements cocasses où la jeune femme finit par se faire prendre au piège… Un événement particulier vient cependant mettre en doute la sincérité de Legendre en ce qui concerne leur relation.
Du flair
Partout où elle passe, Michèle Barbara Pelletier encense le déroulement du tournage de Nez Rouge, qu’elle considère parmi ses plus belles expériences au cinéma. Elle sourit en pensant à la complicité qu’elle a développée avec la bombe d’énergie qu’est Patrick Huard et au plaisir qu’elle a eu de collaborer avec Érik Canuel. Cette chimie s’est d’ailleurs révélée des plus importantes. Autrement, comment la comédienne aurait-elle pu apprécier jouer de nuit une multitude de scènes extérieures à des températures oscillant entre -28 et -40 degrés Celsius? Surtout qu’elle était enceinte de quatre mois et demi lors de la capture des premières prises de vue.
Le personnage de Céline Bourgeois correspond en plusieurs points à la véritable identité de Michèle Barbara Pelletier. Cette dernière admet retrouver chez l’écrivaine son besoin de liberté, une caractéristique qu’elle considère propre à la femme québécoise. Elle met en relief cette spécificité: "La femme américaine se cherche toujours un mari potentiel tandis que la femme québécoise est très indépendante dans ses relations." Celle qui a goûté au célibat pendant quatre années avant de faire la connaissance du père de sa fille rigole un peu en disant que, paradoxalement, la femme québécoise nourrit quand même le désir de rencontrer rien de moins que l’homme idéal.
Étonnamment, son rôle dans Nez Rouge lui a donné très peu de fil à retordre. "Il y a des acteurs qui ont besoin de faire de grosses recherches, articule-t-elle. Moi, je ne suis pas capable. Ça ne me tente pas. J’aime la spontanéité." Quelque peu paresseuse, elle avoue, par exemple, apprendre ses textes seulement la veille d’une audition. En fait, elle est incapable de se préparer à l’avance, tout lui sort alors de l’esprit. Elle aime plutôt colorer son jeu d’une part d’improvisation. C’est pourquoi elle préfère travailler avec des réalisateurs qui, tel Érik Canuel, sont très présents sur le site d’un tournage; elle ressent beaucoup le besoin d’être dirigée sur un plateau, vu sa manière téméraire d’aborder ses rôles.
Michèle Barbara Pelletier, tant sur le plan professionnel qu’affectif, nage en plein conte de fées. Mais son parcours n’a pas toujours été parsemé d’or. Des périodes sombres ont côtoyé la lumière. Sa réussite actuelle, elle la doit donc à son audace et à sa ténacité. Des qualités qu’elle affiche depuis le tout début de sa carrière, il y a de ça 11 ans. La jolie blonde se rappelle, entre autres, une action qu’elle a posée pendant qu’elle étudiait à l’École de théâtre de Saint-Hyacinthe, et qui a littéralement influencé son futur. Comme elle voulait que le monde artistique sache qui était Michèle Barbara Pelletier, elle a talonné l’une des plus importantes directrices de casting de Montréal. Ses démarches pouvaient ressembler à du harcèlement – la Trifluvienne déconseille d’ailleurs aux jeunes comédiens une telle approche. Au bout d’innombrables coups de téléphone, la femme, aujourd’hui à la fleur de la trentaine, a décroché une audition pour un rôle dans la série Blanche. Un rôle vendu à l’avance. Elle a malgré tout réussi à démontrer son talent, car un peu plus tard on l’appelait pour camper un personnage dans Love and Human Remains de Denys Arcand. La directrice en question lui avait alors dit un grand compliment: "Cette fois-là, quand je t’avais appelée en audition, je voulais que tu te casses la gueule. Mais, c’est moi qui me la suis cassée!"
Un joli petit minois
En attente de signatures de contrats, Michèle Barbara Pelletier partage son temps entre sa fille Lili-Jeanne et la cuisine. Elle est tellement occupée par la nouvelle venue qu’elle a mis de côté une sphère importante de son existence: le yoga et la méditation. "En ce moment, je n’ai pas d’activités extra-job, ni extra-bébé. Avoir un enfant change ma vision de la vie, mais ça ne change pas ma vie. Je réorganise seulement mes priorités. Les matins ne sont plus les mêmes. C’est Lili-Jeanne qui mène les horaires!" ricane-t-elle.
Ce regard neuf se pose aussi sur son travail de comédienne. La mordue d’alimentation entretient une relation plus zen avec son métier. Elle choisit des rôles qui lui plaisent, s’éloigne du reste. Elle accorde de moins en moins d’importance au résultat, et s’intéresse davantage au processus, au tournage. Autrefois, elle rêvait de voir son visage sur l’une des immenses publicités qui bordent l’autoroute. Maintenant, elle constate que ce sont seulement des morceaux de papier, dont la dimension diffère de celle d’un album photo. "Je croyais que cela apportait quelque chose de plus; ça n’apporte rien", conclut-elle.
Voir calendrier
Cinéma Exclusivités