

The Last Samurai : Nippon ni mauvais
Fasciné très jeune par Les Sept Samouraïs de Kurosawa Akira, le réalisateur EDWARD ZWICK (Glory, Legends of the Fall) rêvait depuis l’adolescence de mettre en scène cette époque effervescente; la vision qu’il offre de la guerre civile sanglante qui opposa l’armée impériale aux tenants du shogunat se révèle plus romantique qu’épique.
Manon Dumais
De 1868 à 1912, sous la gouverne du jeune empereur Mutsuhito, le Japon vit une période de modernisation intense appelée la Restauration Meiji, soit l’"ère du gouvernement éclairé". Sans vouloir renier totalement leur culture, les Japonais souhaitent tirer profit des valeurs européennes et américaines afin de devenir une puissance économique importante. Mais alors que l’empire du Soleil levant rattrape en quelques décennies ce que les Occidentaux ont accompli en plusieurs siècles, les samouraïs n’acceptent pas l’abolition de l’ancien système féodal.
Écrit par le réalisateur Edward Zwick, John Logan (avec qui il a coscénarisé Gladiator de Ridley Scott) et Marshall Herskovitz (Jack the Bear), The Last Samurai chante respectueusement – parfois un peu trop naïvement – le courage et la fierté des troupes loyalistes auxquelles se joindra, après qu’il en fut fait prisonnier, le capitaine Nathan Algren. Tom Cruise, aussi fringant qu’anachronique, incarne cet Américain désabusé par les horreurs de la guerre de Sécession et transplanté au Japon afin d’enseigner à l’armée impériale à se battre selon la mode des Nordistes. Exorcisant le vulgaire soûlon, Algren redeviendra un valeureux combattant au contact du guerrier Katsumoto (solide et délicieusement viril Ken Watanabe). S’ensuit donc une initiation aux arts martiaux rondement menée durant laquelle les scénaristes ne se soucient aucunement de l’aspect psychologique de leurs héros. Et l’amour dans tout ça? Il s’incarne en la jolie personne de Taka (gracieuse Koyuki), dont le mari a été tué par nul autre qu’Algren. Mais peu de frissons à l’horizon, nous sommes bien loin de L’Empire des sens…
Cependant, l’action ne manque pas sur le champ de bataille où deux cultures s’affrontent à forces inégales: d’un côté, les soldats de l’armée impériale vêtus à l’américaine et munis de fusils et de mitrailleuses lourdes; de l’autre, vaincus d’avance, les samouraïs en kimonos flamboyants, le sabre au poing. En résultent de haletants combats à l’épée et à la baïonnette qui rappellent davantage la cruauté de Braveheart de Mel Gibson que le lyrisme de Crouching Tiger, Hidden Dragon d’Ang Lee. Mais lorsque le dernier samouraï agonise en prenant soin de s’extasier sur la beauté des cerisiers en fleurs sous le regard larmoyant de ses frères ennemis, force est de constater que Zwick et ses complices en ont mis un peu trop… Et nous passerons sous silence la conclusion soulignée au crayon gras. Misant sur l’aspect spectaculaire de la guerre, le réalisateur fait d’une page d’histoire méconnue un film d’action musclé qui dénonce maladroitement la barbarie des soldats américains d’aujourd’hui en vantant le code d’honneur des guerriers nippons d’antan. Bénéficiant de la majesté des paysages du Japon et de la Nouvelle-Zélande ainsi que de la photographie soignée de John Toll (The Thin Red Line), The Last Samurai s’avère une épopée sans surprises mais néanmoins somptueuse.
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