Ceci n’est pas Einstein : Imagination > Connaissance

"Tu comprendras plus tard", répondaient les parents à leur fillette parfois trop curieuse. Une fois l’enfant devenue grande, la curiosité de Catherine Fol, réalisatrice de ce documentaire, ne s’est pas tarie. Bien au contraire. Après avoir traité d’astronomie dans Toutatis puis de biologie dans Le Lien cosmique, voilà qu’elle s’intéresse à la physique avec Ceci n’est pas Einstein. Ce qui l’intrigue particulièrement cette fois, ce sont deux questions qu’elle se pose: qu’est-ce qui pousse les scientifiques à vouloir aller toujours plus loin dans leur découverte de la réalité qui nous entoure; et la science peut-elle vraiment comprendre cette réalité? Depuis une bibliothèque où elle découvre les réflexions d’Einstein qui la guideront tout au long du film, l’alter ego de la réalisatrice passionnée de connaissances, incarnée par Pascale Montpetit, part dans un voyage ludique et initiatique. Avec sa grande modestie, Einstein affirmait que comme il s’était développé lentement, toutes les questions naïves que les jeunes enfants se posent, il ne se les était posées que plus tard. C’est pour cette raison qu’il est devenu physicien.

La jeune femme, à l’instar de son idole, se pose mille questions qui paraissent simples mais, en fait, qui sont loin de l’être. Qu’est-ce que le temps? Un et un font-ils vraiment deux? Qu’est-ce que la lumière? Ne suis-je qu’un amas de cellules? De ses rencontres avec un astronome, un ingénieur, une physicienne, elle apprend beaucoup sur ce qui existe mais que nous ne pouvons voir, trop enfermés que nous sommes dans notre "petite biologie à cinq sens". Cependant, il ne s’agit pas d’un documentaire scientifique, mais plutôt d’une réflexion sur la soif de savoir qui s’adresse à un large public.

Ce n’est pas de la relativité que nous parle ici Einstein, mais de curiosité, d’humilité face à la nature. "L’imagination est plus importante que la connaissance. La connaissance a ses limites, tandis que l’imagination embrasse le monde et donne naissance à l’évolution", affirme-t-il. Plus loin, sur de très belles images le montrant en train d’écrire, la pipe au bec, il nous dit: "S’il y a quelque chose en moi qui peut être qualifié de religieux, c’est cette admiration sans limite pour la structure du monde. (…) Je suis un non-croyant profondément religieux." C’est le père de la physique moderne, philosophe et humaniste, qui nous est présenté. En plus de s’appuyer sur quelques images de films d’archives et sur de vieilles photos, Catherine Fol utilise de magnifiques images assistées par ordinateur. Des poissons volent dans le ciel, une échelle traverse les nuages, la femme bondit à travers un mur, elle entre dans un tableau… L ‘effet qu’ont sur nous ces métaphores imagées est réussi: la science est source de grande poésie. Et comme le croyait Albert Einstein, "ce que nous pouvons connaître de plus beau, c’est le mystère". Il est le moteur de toutes les quêtes, qu’elles soient spirituelles, artistiques ou scientifiques. Ce film, sans nous apprendre énormément de choses, nous transporte dans un monde parallèle fascinant et hors du temps. Il fera peut-être naître, chez les plus jeunes, des vocations scientifiques…

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