Alexandra’s Project – Entrevue avec Rolf de Heer : Amours défuntes
Il n’existe sûrement pas de recette idéale pour annoncer à son mari qu’on ne l’aime plus. Une chose est sûre, il n’y a rien comme la franchise.
Toutefois, celle dont fera preuve Alexandra (sublime Helen Buday) envers son mari Steve (impeccable Gary Sweet) aura un arrière-goût prononcé de cruauté mentale. Croyant qu’on lui a préparé un party d’anniversaire, ce dernier a droit à une surprise de taille en rentrant à la maison: Alexandra a décidé de lui raconter ses quatre vérités – et plus encore! – par le biais d’une cassette vidéo.
"J’aime régler des problèmes, explique le réalisateur australien Rolf de Heer, rencontré lors du dernier FFM. Le mien était que le cour du film consiste en quelqu’un qui regarde la télévision. Comment rendre cela intéressant? J’ai compris très tôt à l’écriture que le problème d’Alexandra était de garder l’attention de son mari. J’ai écrit toutes les choses qu’elle lui avoue – même celles qu’on voit en accéléré – , mais je trouvais cela ennuyant! Puis, tout d’un coup, je me suis demandé ce que ferait Steve, ce qui le forcerait à regarder la cassette. C’est donc à partir des réactions de Steve que s’est construit le film, chaque arrêt lui permettant d’encaisser le choc, comme le spectateur qui est témoin de tout en même temps que Steve."
Ainsi, après avoir rigolé du strip-tease maladroit d’Alexandra, nous voilà cloués sur notre chaise, à la fois saisis par ses révélations et choqués par l’attitude de Steve, qui avance sans cesse la cassette, prouvant le peu d’attention qu’il accorde à sa femme. Du coup, la sympathie va du côté d’Alexandra qui dit tout haut ce que plusieurs n’oseraient penser tout bas. "Lorsque j’ai tourné The Quiet Room, je devais me mettre dans la tête d’une fillette de sept ans, raconte le réalisateur. J’ignore si c’est vrai que je comprends les femmes, mais je sais que je comprends certaines choses. J’ai essayé de me mettre à la place d’une femme, de voir comment les gens agissent ensemble; je me suis aussi inspiré de mes propres expériences et de celles de mon entourage. Et j’ai mélangé tout ça, puis voilà qu’est arrivée Alexandra. Vous trouvez que je comprends les femmes, pourtant certaines personnes m’ont demandé: "Comment osez-vous, en tant qu’homme, écrire cela, quand vous ne comprenez rien du tout à ce qu’une femme peut éprouver?" Les réactions sont très individuelles. Mon seul espoir est que plus de femmes accepteront le film que le contraire."
À voir absolument… mais peut-être pas en couple!
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