Big Fish : Rêve et réalité
Cinéma

Big Fish : Rêve et réalité

Dans Les Plaisirs et les Jours, Proust écrivait: "Il vaut mieux rêver sa vie que la vivre, encore que la vivre ce soit encore la rêver." Traitant de la frontière poreuse entre rêve et réalité, cette pensée est au cour du nouveau film de Tim Burton (Sleepy Hollow, Mars Attacks!, Batman, Edward Scissorhands…). Brillamment adapté par John August d’un roman de Daniel Wallace, Big Fish nous entraîne aux confins de l’imaginaire, du ludisme et de la fraîcheur enfantine.

Ainsi plonge-t-on dans le monde d’Edward Bloom (Albert Finney), un père de famille ayant toujours raconté de fabuleuses histoires à propos de sa jeunesse. Pareille à un livre de contes coloré dont on tournerait les pages pour découvrir de merveilleux univers, sa vie est peuplée d’un poisson géant, d’un maître de cirque (Danny DeVito), d’un loup-garou, d’une sirène, d’une sorcière à l’oil de verre… Or, le fils d’Edward (Billy Crudup), un trentenaire ancré dans la réalité, a peine à supporter cette personnalité mystificatrice. Au chevet de son père mourant, avec qui il est en froid depuis des années, il voudrait réussir à un peu mieux comprendre celui qui se cache derrière la fiction, faire la part entre réalité et fabulation. Rien de moins évident quand la vie est un songe… À la veille du sommeil éternel, le dialogue qui s’instaure peu à peu entre père et fils s’avère alors sensible, touchant.

Avec ce film, les admirateurs de Tim Burton retrouveront l’excentrique signature de leur cinéaste fétiche. Les autres seront envoûtés par cette histoire initiatique d’une fantaisie rare. Qu’il s’agisse de l’héroïsme du jeune Edward (interprété par Ewan McGregor) à la rescousse de la petite ville d’Ashton (Alabama), d’un bref passage par l’idyllique cité du bonheur, de la rencontre foudroyante avec Sandy (Alison Lohman) au milieu d’un cirque où déambulent d’étranges personnages, ou d’un parachutage-éclair sous les yeux de sours siamoises ébahies, ces aventures sont toutes drôles, empreintes de magie, suscitant une jolie réflexion sur le rapport à la réalité, la mort, et la manière d’envisager la vie. En témoigne d’ailleurs la scène de clôture du film, surprenante…

Faite d’allers-retours oscillant entre rêves du passé et difficulté tangible du temps présent, la structure de Big Fish fait appel à différents acteurs qui parviennent tous à insuffler la part de ludisme et de naïveté nécessaire à l’histoire.

Tim Burton signe un éloge à la force du rêve, à l’enfant amusé que chacun porte en soi.

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