The Statement : Le fugitif
Cinéma

The Statement : Le fugitif

Juin 1944. Sept juifs sont froidement exécutés contre les fortifications de la petite ville de Dombey, en France. À la tête de la Milice française perpétrant le massacre, le jeune officier Pierre Brossard, qu’on retrouve 50 ans plus tard dans la peau de l’acteur Michael Caine. Protégé par de haut placés du gouvernement français et par un groupuscule de l’Église catholique, Brossard essaie alors d’échapper aux tentatives d’assassinat d’un commando secret, ainsi qu’aux allégations d’une juge d’instruction coriace.

Collaboration du gouvernement français sous le régime de Vichy, implication insidieuse du Vatican dans des crimes contre l’humanité, mauvaise conscience, absolution: voilà les thèmes soulevés par The Statement, thriller politique de Norman Jewison (Hurricane, Moonstruck, The Thomas Crown Affair…) d’après un roman de Brian Moore. Or, aussi intéressant soit-il, ce sujet est traité de manière réductrice, le réalisateur ayant choisi de miser sur le déroulement des événements, souvent insensé d’ailleurs, plutôt que sur la substance de ses personnages. Les acteurs s’agitent trop pour essayer de donner du relief à un ensemble qui manque de complexité. Brossard passe ainsi de façon draconienne d’un assassin odieux à un faible pieux en quête de pardon, tandis que les deux enquêteurs (Tilda Swinton et Jeremy Northam) se contentent de répliques un peu banales.

Le film s’avère d’autant moins convaincant que cette belle brochette d’acteurs anglais incarnant des Français s’exprime avec un accent britannique à couper au couteau. Règne alors un étrange sentiment de décalage faisant en sorte que les doux paysages de Provence tombent dans un pittoresque de carte postale. En somme, quand on aborde des questions aussi troubles que la trahison et les crimes contre l’humanité, on se doit de livrer un peu plus qu’un suspense à la morale convenue. Une chasse à l’homme simpliste.

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