Entretien avec Brigitte Paquette et Véronique Bannon : Drôles de dames
Cinéma

Entretien avec Brigitte Paquette et Véronique Bannon : Drôles de dames

Après avoir tenté de faire frissonner les amateurs de films d’horreur en octobre dernier avec Sur le seuil, le réalisateur Éric Tessier récidive trois mois plus tard, dans l’espoir cette fois de nous dilater la rate, avec son deuxième film, Vendus.

Sur le seuil

a marqué à sa façon le paysage cinématographique québécois en s’y inscrivant comme le premier thriller paranormal de l’histoire, Vendus fait craindre un retour aux comédies burlesques des années 70 à la Y a toujours moyen de moyenner.

Vendus a été tourné en seulement 19 jours, dans le rire et avec une énergie de productivité assez élevée, au dire de Brigitte Paquette. Le film met en scène Jacqueline Renaud (Brigitte Paquette, mordant à pleines dents dans l’un de ses rares rôles comiques), agent immobilier à l’aube de la quarantaine, qui constate avec amertume que la vie qu’elle partage avec Michel (Serge Thériault, au-dessus de ses affaires), son fainéant de mari, n’a rien de bien excitant. Or, ce dernier, après avoir croisé la route d’escrocs sans scrupules, Maya Papineau (féline Véronique Bannon) et son fidèle acolyte Vito Valiquette (amusant Jean-Robert Bourdage), lui réserve une surprise de taille. Heureusement que Normand (Marc Bélanger, qui s’en tire malgré un personnage ingrat), assistant énamouré de Jacqueline, veille sur sa belle.

S’appuyant sur le récit de Jean-Vincent Fournier, scénariste et story editor prolifique pour la télé (Hommes en quarantaine, The Hitchhiker, etc.), Éric Tessier explore un univers que connaissent bien Quentin Tarantino et Guy Ritchie. Un genre peu exploité par les réalisateurs québécois et avec lequel a flirté, avec plus ou moins de bonheur, Érik Canuel dans La Loi du cochon: "Ce n’est pas de la grosse psychologie profonde, c’est léger. Je suis très curieuse de l’effet que ça va faire, commente Brigitte Paquette. C’est nouveau et peu répandu. Il y a un chemin à faire dans l’imaginaire du monde pour que ce genre soit accepté. Je pense que c’est un film qui est plaisant à regarder, qui est drôle." Véronique Bannon renchérit: "C’est une comédie noire qui n’a rien à voir avec Les Invasions barbares ou La Grande Séduction. On ne sortira pas du cinéma avec une grande réflexion, il faut le voir comme un divertissement." Merci de l’avertissement, mesdames. Mais même en gardant cela à l’esprit, Vendus ne convainc pas tout à fait.

Malgré le loufoque des situations, l’énergie des comédiens et la réalisation vivante, on s’ennuie plus qu’on ne s’amuse à cause du manque de rebondissements, du rythme hésitant et des effets de style trop appuyés. Est-il vraiment nécessaire de faire entendre de gros ronrons dès que Bannon s’approche de la caméra? Ces snapshots pour présenter les personnages, n’est-ce pas un peu dépassé? Et pourquoi toutes ces chansons de Margot Lefebvre mur à mur? On veut donner dans le kitsch? On verse plutôt dans le quétaine…

Demeure toutefois une interprétation décalée qui s’avère rafraîchissante: "Je n’ai pas abordé mon personnage de façon particulière, explique Brigitte Paquette. Je me suis dit que c’était l’une des premières fois que l’on m’offrait de jouer dans une comédie, et la seule façon de mettre toutes les chances de mon côté était de rester authentique." Enfin, au cas où cela vous inquiéterait, notez que Vendus se rapproche davantage de La Loi du cochon que des Dangereux.

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