Janis et John : Souvenir retrouvé
Cinéma

Janis et John : Souvenir retrouvé

Premier long métrage de SAMUEL BENCHÉTRIT, romancier et metteur en scène de théâtre, et dernier film de MARIE TRINTIGNANT, tragique victime de la passion ou de violence conjugale, selon votre camp, Janis et John transpire le bonheur qu’ont eu les acteurs à se glisser dans la peau de personnages aussi improbables qu’attachants et à se mettre en bouche les répliques complètement loufoques de Benchétrit et GABOR RASSOV. Et à en juger par les erreurs de raccord, le party était également pris dans la salle de montage!

Coincé entre une vie de famille banale et un emploi peu flamboyant d’agent d’assurances, Pablo Sterni (Sergi Lopez) se met en tête d’escroquer un dénommé Cannon (Jean-Louis Trintignant), fou de sa voiture de luxe qui ne roule jamais, afin d’arrondir ses fins de mois en empochant ses primes d’assurance. Tout va pour le mieux jusqu’à ce que l’on retrouve la voiture de Cannon accidentée. Au même moment, Pablo apprend que son cousin Léon (Christophe Lambert) a hérité d’une forte somme. Coincé sous acide depuis un soir de 1973 où il a cru rencontrer John Lennon et Janis Joplin (décédée en 1970, pour mémoire), ce dernier tient une boutique où il vend exclusivement des disques de Lennon et Joplin, dont il attend fébrilement le retour. Pour lui soutirer l’argent dont il a besoin pour rembourser Cannon, qui se fait de plus en plus envahissant, Pablo décide alors de faire passer sa terne femme Brigitte (Trintignant) et l’acteur raté Walter Kingkate (François Cluzet) pour ces "morts connus".

Tourné à la va comme je te pousse et croulant parfois sous de longs apartés en voix off, Janis et John n’en possède pas moins des moments d’un comique irrésistible. Comment ne pas rire devant l’intensité d’un François Cluzet hurlant à pleins poumons "I am John Lennon!" ou la candeur d’un Christophe Lambert, moitié légume, moitié mec, croyant enfin retrouver ses idoles de jeunesse? Et que dire de ce coup de téléphone complètement absurde fait à Léon de la part de Janis et John?

Puis, au milieu des fous rires, se pointe l’émotion alors que Jean-Louis Trintignant raconte le deuil de sa voiture et que Marie Trintignant se déchaîne sur scène dans la peau de Janis. Difficile de ne pas penser au terrible drame qui a suivi le tournage et qui a failli empêcher la sortie du film en salles. Heureusement, Trintignant père a insisté pour que le public voie sa fille mordre à belles dents dans un rôle conçu pour elle une dernière fois. Actrice atypique et bel esprit libre, Marie Trintignant incarne avec une sincérité désarmante, doublée d’un brin de folie que l’on devinait chez elle d’un film à l’autre, cette midinette sans couleur qui reprend goût à la vie au contact des chansons de Joplin. Plumes dans les cheveux et fringues psychédéliques, elle nous offre un dernier sourire devant un ciel sans nuage – le réalisateur jure que ce plan était prévu au montage. Un gentil délire pour les nostalgiques de l’inoubliable interprète de Betty.

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