Charlize Theron : Effet monstre
Cinéma

Charlize Theron : Effet monstre

Ces temps-ci à Hollywood, l’heure est à la crédibilité. Si Ashton Kutcher tente par tous les moyens d’enlever son étiquette d’acteur pour adolescentes avec The Butterfly Effect, CHARLIZE THERON, dans Monster, essaie de nous faire avaler qu’elle n’est pas que cette blonde incendiaire incapable de porter autre chose que des rôles sans consistance.

Monster

raconte l’histoire d’Aileen Wuornos, une prostituée considérée comme la première tueuse en série aux États-Unis. Arrêtée en 1994 après avoir abattu six clients, elle sera finalement exécutée en 2002, non sans avoir été trahie par son amoureuse Selby Wall, ici interprétée par Christina Ricci. Si la réalisatrice Patty Jenkins a pu correspondre quelque temps avec la criminelle, question de bien préparer son film, Theron n’a jamais pu la rencontrer: "Nous avons brièvement évoqué la possibilité de la rencontrer, se souvient l’actrice. Mais elle fut exécutée quelques semaines plus tard, si bien que j’ai dû trouver d’autres sources pour mes recherches. Dans le fond, c’était parfait comme ça. Il fallait être naïf pour croire qu’à quelques semaines de sa mort, elle se serait ouverte à une étrangère. Ce n’était pas son genre. Et puis je trouvais assez injuste de lui imposer ça. Aider une inconnue à faire un film sur sa vie, long-métrage qu’elle ne verrait même pas, alors qu’elle n’en avait plus que pour quelque temps sur terre… C’était mieux qu’elle voie la seule amie qu’il lui restait."

Inutile de dire qu’il existe un univers entre la sulfureuse blonde de The Italian Job et la tueuse floridienne de Monster. Et pourtant, Patty Jenkins a décelé chez Charlize Theron la force et le talent nécessaires pour injecter la juste dose de violence, de désespoir et de sympathie au personnage. Mieux encore: les Brittany Murphy, Kate Winslet et autres Heather Graham auraient multiplié les appels à la réalisatrice pour décrocher le rôle, mais rien n’y fit.

À travers cette série de meurtres sordides, Patty Jenkins a également fait ressortir l’histoire d’amour entre Wuornos et Selby Wall, une jeune lesbienne envoyée par son père en Floride pour la soigner de sa "maladie sexuelle". Deux scènes d’amour ont été tournées; deux scènes fort angoissantes pour la réalisatrice qui a dû se taper quelques nuits blanches avant de les filmer.

Plus forte encore, cette scène d’amour torride et instinctive dans une ruelle au tout début du film: "C’est vrai, c’est la plus belle, acquiesce Theron. Il y a tellement de désespoir dans ses gestes. Elle est incapable d’enlever ses mains du corps de Selby. J’aime le paradoxe: Aileen affirme ne pas être lesbienne, pour ensuite s’abandonner dans les bras de Selby. Elle ne mentait pas, mais pour la première fois, elle rencontrait quelqu’un qui l’aimait, qui la touchait, qui ne la jugeait pas. Pour une femme qui n’avait jamais expérimenté l’amour, c’était énorme." Énorme au point de tuer pour conserver intacte cette première flamme…

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