Dans l'oil du chat : Mystérieux puzzle
Cinéma

Dans l’oil du chat : Mystérieux puzzle

Une femme est amoureuse d’un homme qui rêve d’une autre. Classique, mais intarissable, le tragique du triangle amoureux fait encore des siennes dans ce premier long-métrage de RUDY BARICHELLO, thriller obscur co-écrit avec MARCEL BEAULIEU (scénariste réputé à qui l’on doit en partie les histoires de Farinelli, Anne Trister, Un crabe dans la tête…).

Pauline (Julie Le Breton), jeune artiste sensuelle, a quitté Simon (Jean-Nicolas Verreault) pour faire le tour du monde et tenter de se ressourcer. De ce voyage, elle n’est jamais revenue. S’agit-il d’un suicide, comme l’atteste le certificat de décès envoyé de Calcutta? Ou bien plutôt du désir d’effacer sa trace, de refaire sa vie ailleurs? Cloîtré entre les quatre murs de l’appartement de son ancienne fiancée, Simon essaie de comprendre. Entre les visites impromptues d’un propriétaire avide d’argent, d’un jeune inconnu et de la voisine du dessus, il se plonge corps et âme dans la correspondance, les fax et derniers messages téléphoniques de la jeune femme, tâchant de donner un sens à cette disparition trouble. Mais il y a aussi Gégé (sublime Isabel Richer) qui, s’étant depuis un certain temps approprié la place de sa meilleure amie, voudrait bien que Simon assume le deuil. Tout cela sous l’œil inquiétant de Lazare, un félin sauvage rôdant dans l’appartement…

Avec Dans l’œil du chat, Rudy Barichello nous fait plonger dans un huis clos sombre, où les corps se perdent et se déchirent. Mariant habilement suspense et drame sentimental, le réalisateur propose une réflexion sur la vacuité de l’existence, le silence oppressant résidant en tout un chacun. Il montre le clivage existant entre les rêves et une réalité qui gruge, l’impossibilité de partir, de prendre des risques, alors qu’on est engoncé dans un quotidien étouffant. Et puis il y a les plaisirs de la chair, là où corps et visages se confondent, à l’image de nos désirs incertains.

Pris dans la tourmente d’un univers oscillant entre fantasmes, souvenirs et enquête minutieuse, les acteurs proposent tous une belle interprétation de leur personnage, avec une mention particulière à Isabel Richer, en femme jalouse et blessée. Toutefois, l’ensemble souffre de quelques maladresses. On pense notamment à la scène d’ouverture, longue et symbolique à l’excès, ou encore à la chorégraphie sexuelle exécutée par Simon, en proie à la détresse dans la solitude de cet appartement. De même certains indices sont-ils peu crédibles, faisant en sorte que le dénouement tombe de manière un peu abrupte. Reste qu’en imbriquant une à une les pièces manquantes de ce mystérieux puzzle, le réalisateur parvient à faire monter la tension. On se laisse alors prendre au jeu de ce noir suspense, pour le meilleur et pour le pire…

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Le film contient de nombreuses scènes sensuelles. A-t-il été difficile de vous dévoiler ainsi à l’écran?
Ce n’est jamais plaisant de faire ce genre de scène. Il n’y a rien de naturel là-dedans. Tu veux toujours savoir… comment ça va être filmé, ce qui sert l’histoire, pour que ce ne soit pas gratuit… L’important, c’est d’être capable de se détendre. D’arriver à décrocher aussi… Je pense qu’il faut beaucoup désamorcer par l’humour.

Quelle impression gardez-vous de ce tournage?
C’est un pas de plus dans ma carrière de comédien. Je considère que je suis allé plus loin que certaines choses que j’avais faites auparavant, ne serait-ce qu’au niveau émotif… Ç’a été un tournage difficile, par rapport à ce que je m’étais imposé… Puis au bout du compte, c’est un film que j’ai aimé. Évidemment, comme n’importe quel autre film, s’il y avait eu un peu plus de budget et un peu moins de contraintes, je pense que Rudy aurait pu aller encore plus au bout de ce qu’il voulait faire. Par contre, je crois qu’il est arrivé à un résultat très intéressant. C’est un film intelligent, particulier, qui a une touche européenne. Un véritable thriller psychologique.

Que trouvez-vous de plus difficile dans ce métier?
C’est de plus en plus difficile de me voir à l’écran. J’ai de la misère à me distancier de ce que je fais. Par contre, je trouve que c’est un exercice nécessaire… Ça me permet d’essayer de m’améliorer à chaque fois. Mais c’est fatigant… Tu ne vois pas nécessairement l’histoire, tu ne vois pas ce que tu fais de bon, tu vois juste ce que tu fais de mauvais… Ceci étant dit, je ne suis pas du tout tanné de faire ce métier. J’ai de plus en plus de plaisir. Mais me voir? Des fois je m’en passerais…