Le RézoErrol Morris : Notes cinéma
Cinéma

Le RézoErrol Morris : Notes cinéma

Approche Rézo
Né à Jonquière il y a deux ans, puis ayant rejoint la Métropole l’année dernière, Le Rézo, réseau de diffusion de cinéma indépendant, s’étend désormais à sept salles au Québec, et même jusqu’à Vancouver. "L’idée, c’est de diffuser du cinéma d’auteur", résume Daniel Bouchard, de 7e Art/Distribution. L’initiative a ainsi pour objectif de permettre à des films dont le rayonnement demeure souvent limité de rencontrer leur public, de voyager en région et d’être projetés dans un contexte propice à leur appréciation. "Des centaines de films se font chaque année, mais seulement quatre ou cinq sortent à grande échelle. Ça ne laisse pas de place à la diversité, au choix, à la différence. Il y a des trésors qui dorment sur les tablettes", se désole le diffuseur. C’est pourquoi Le Rézo a investi les cafés-théâtres, les bars-spectacles. "On amène les auteurs dans des lieux consacrés aux artistes; ça crée une atmosphère fantastique et on a des cinémas de poche partout où on veut", s’exclame-t-il, soulignant au passage la qualité de l’image et du son de leurs projections numériques et rappelant que "voir un documentaire sur grand écran, ça a un tout autre impact qu’à la télévision; c’est fait pour ça".

Saison de biais
La programmation du Rézo nous offre donc la chance de rendre justice à quelques-uns de ces films passés en catimini ou entrevus à la télé, comme d’abord Maudite Machine!, premier documentaire de Christian Fournier et Biz (Loco Locass), qui, partis explorer le monde des tavernes, y ont été happés par le problème du jeu compulsif. Trois ans de tournage pour une œuvre se voulant à la fois engagée et authentique (le 14). Puis, Le Manuscrit érotique, 26e long-métrage de Jean-Pierre Lefebvre, racontant avec simplicité l’histoire d’une lecture clandestine qui se révélera déterminante (les 16 et 21), et Carnets d’un Black en Ayiti, de Pierre Bastin, marchant sur les traces de Stanley Péan alors qu’il retourne pour la première fois dans son pays d’origine (les 23 et 28). Aussi, début mars, La vie est belle, de Benoît Lamy et Ngangura Mweze, coproduction franco-belgico-zaïroise mettant en vedette Papa Wemba en musicien-domestique perdant sa promise au profit d’un richard. Le tout ponctué d’humour (les 1er et 6). Suivront La Cueca sola, de Maritu Mallet, s’intéressant à la résistance des femmes au Chili (les 8 et 13), et Le Vol de la caisse, d’Éric Michaud, portant sur l’utilisation par Paul Martin des surplus de la caisse d’assurance-emploi pour combler le déficit. Histoire de rafraîchir les mémoires, souligne M. Bouchard (les 15 et 20). Enfin, Tiresia, de Bertrand Bonello (Le Pornographe), variation sur le mythe grec où un transsexuel est gardé captif en raison de sa grande beauté (les 22 et 27), et La vérité est un mensonge, deuxième long métrage de Pierre Goupil (Celui qui voit les heures), mélange d’autofiction et de réflexion sur le cinéma ou 16 jours de tournage pour relater les hauts et les bas d’un cinéaste n’ayant pas tourné depuis 10 ans (les 29 mars et 3 avril). Info: www.lerezo.org.

Rétrospective Errol Morris au Cinéma du Parc
Afin de souligner la sortie prochaine du dernier film d’Errol Morris, The Fog of War: Eleven Lessons From the Life of Robert S. McNamara, essai puissant sur la guerre et le pouvoir, le Cinéma du Parc présentera en février et mars huit des œuvres les plus percutantes et les plus achevées de ce grand documentariste américain. Réputé pour son audace, tant dans la forme que le contenu de ses films, et sa finesse d’observation, Morris s’est fait le brillant interlocuteur des marginaux et des laissés-pour-compte, toujours en jonglant habilement avec la philosophie, la poésie et l’étrangeté. Au programme, notons The Thin Blue Line, son œuvre la plus controversée, qui a permis de rouvrir une enquête mal menée sur le meurtre d’un policier de Dallas, et A Brief History of Time (Prix du meilleur réalisateur et Grand Prix du jury à Sundance), où il donne la parole à l’homme de science Stephen Hawking. Soulignons également la télé-série First Person, fascinante galerie de 11 portraits présentée en deux épisodes, pour laquelle Morris a parcouru l’Amérique profonde à la recherche d’individus singuliers, dont un ancien bouncer au Q.I. très élevé qui croit posséder le secret des origines de l’univers. Une rencontre avec l’insolite à ne pas manquer! www.cinemaduparc.com. (Manon Dumais)