Jack Paradise : Loin du paradis
Cinéma

Jack Paradise : Loin du paradis

Il y eut la Seconde Guerre mondiale, le maire Jean Drapeau… puis on marcha sur la Lune. De 1930 aux années 70: l’effervescence de la vie nocturne montréalaise racontée sur arrière-fond historique, à travers l’histoire de Jack Paradise (Roy Dupuis), un talentueux pianiste de jazz. C’est à force de travail et de conviction que ce petit "Frenchie" du quartier Saint-Henri s’immisce dans le milieu des musiciens noirs anglophones, réussissant à faire swinguer la clientèle des meilleurs clubs de la ville. Ténébreux personnage, Jack est aussi un séducteur qui abîme le cœur des femmes: de la candide Gisèle (Geneviève Rioux), qui deviendra la mère de son fils, à Curly Brown (Dawn Tyler Watson), belle chanteuse noire à la voix de velours. Mêlant la fiction – tantôt en couleur, tantôt en noir et blanc – à des images d’archives, le réalisateur Gilles Noël dresse la chronique d’un milieu allant à l’encontre des valeurs de la société québécoise de l’époque. La nuit venue, les esprits passionnés s’éveillent et se retrouvent au club de Gino O’Connor (Gregory Hlady) – un Européen faisant du blanchiment d’armes à la cave – où l’ambiance est toujours à la fête. Là, plus de barrières sociales ni raciales. Dans ce microcosme coupé du monde, seule compte la musique.

Jack Paradise est d’abord et avant tout un film d’atmosphère où l’on sent un véritable respect, un amour du jazz. Et puis il y a ce vent de fraîcheur qui souffle sur l’ensemble, à l’image de cette lutte sous-jacente pour la liberté. Mais, hélas, ce n’est pas suffisant. Le film manque en effet d’une tension dramatique, d’une ligne directrice donnant de la consistance à cette histoire qui reste un peu sommaire. Tout en sobriété, Roy Dupuis incarne pourtant bien son rôle. Mais au-delà de la musique, pas grand-chose… Le personnage de Gisèle, par exemple, est tellement esquissé qu’on a du mal à croire aux tergiversations passionnelles que traverse Jack. Le tout manque d’intensité. Il ne reste plus alors qu’à se laisser entraîner par l’ambiance de l’époque et la voix sublime de la chanteuse Dawn Tyler Watson.

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