La Cueca sola : La danse des femmes
Cinéma

La Cueca sola : La danse des femmes

La cueca est une danse traditionnelle chilienne dans laquelle l’homme et la femme se courtisent en agitant gracieusement de petits foulards. Après le coup d’État de 1973, de plus en plus de femmes se retrouvèrent privées de leur mari, de leur père, de leur frère, de leur fils, et la cueca dansée par les femmes seules devint pour elles le symbole d’une résistance à la dictature de Pinochet.

Moins d’un an après les commémorations du 30e anniversaire de la prise du pouvoir par les troupes de Pinochet, qui nous ont permis de voir de nombreux films dont les très beaux de Patricio Henriquez, ce nouveau documentaire ne nous apprend que très peu de choses nouvelles sur la dictature au Chili. Mais là n’était pas le but. Bien que l’on ait droit à une brève récapitulation des événements, le cœur du film est tissé des touchants témoignages de cinq femmes. À travers elles, la réalisatrice Marilù Mallet, qui remet pour la première fois les pieds sur sa terre natale après 30 ans d’exil, dresse un portrait général du rôle politique des femmes sous la dictature et de leur rôle de vigiles pour l’avenir "afin que ça ne se reproduise plus jamais", dit l’une d’elles, désormais membre du gouvernement. Nous faisons ainsi la rencontre d’une Belge de naissance, mais Chilienne de cœur, qui raconte, outre ses joyeux souvenirs de jeunesse, comment une visite chez le médecin lui remémore les pires tortures qu’elle a dû subir. Isabel Allende relate les derniers moments de son père, le président Salvador Allende, et explique pourquoi elle refuse de poser une clôture entourant la maison familiale qu’elle conserve intacte: la découverte d’une lettre d’excuses laissée par l’unique voleur qui réalisa trop tard l’endroit où il avait mis les pieds… Il y a cette jeune chanteuse de hip-hop dont le père est mort assassiné dans les années 80, qui trouve dans la musique un exutoire à la colère et un élan vers la vie. Il y a encore l’émouvant témoignage d’une femme qui perdit les deux hommes qu’elle aimait le plus, son père et son mari.

Loin d’être un pamphlet féministe larmoyant, le film se veut un hommage à la force des femmes et à leur optimisme quant à l’avenir. Malgré de très belles séquences récurrentes dans lesquelles des femmes dansent la cueca avec une chemise d’homme, La Cueca sola reste somme toute très conventionnel et aurait mérité un peu plus de cette poésie onirique si propre à l’Amérique latine.

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