L'Otage : Nous vaincrons!
Cinéma

L’Otage : Nous vaincrons!

Le 5 octobre 1970, de violents remous bouleversent l’histoire canadienne. James Richard Cross, l’attaché commercial de Grande-Bretagne, est kidnappé par la cellule Libération du FLQ, dirigée par Jacques Lanctôt. C’est que les partisans de la révolution québécoise cherchent à combattre par tous les moyens le colonialisme et l’oppression: "Nous vaincrons" est leur cri de guerre. Trois décennies plus tard, avec L’Otage, Carl Leblanc immortalise brillamment les événements dramatiques de la Crise d’octobre.

À travers les souvenirs encore douloureux de Cross et de sa famille, Leblanc nous fait revivre l’esprit de l’époque, dévoilant du même coup les conséquences humaines de toute idéologie extrême. Est-il légitime de sacrifier une âme pour servir le peuple? Bien entendu, des moments plus meurtriers auraient mieux illustré cette problématique: la révolution bolchevique, la révolution culturelle, le fascisme… Mais la beauté de L’Otage est justement dans sa simplicité. La souffrance d’un seul être humain, analysée en profondeur, symbolise le sang versé par tous les innocents du monde.

Leblanc aborde courageusement un sujet étranger à l’étude cynique des enjeux géopolitiques: les sentiments humains. Des images de manifestations, de violence et d’angoisse alimentent les réflexions de Cross sur les liens inextricables entre l’identité et la politique. Deux personnages opposés se confrontent notamment à l’écran: Jacques Lanctôt, qui affirme sans honte qu’il "ne regrette rien", et Cross qui, à 80 ans, analyse avec sensibilité le climat politique de l’époque.

Une superbe recherche d’archives, des témoignages poignants et un montage fabuleux font de L’Otage un document historique de valeur, enrichi d’une réflexion profonde sur l’identité. Un chef-d’œuvre à ne rater sous aucun prétexte.

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