La Passion du Christ : Nouvelle croisade?

Voilà des mois que La Passion du Christ attise la polémique. On craint que le réalisateur Mel Gibson ( fervent catholique de l’Église traditionaliste ( ne ravive un discours antisémite en montrant les Juifs responsables de la mort du Christ. Nous laisserons à nos confrères théologiens le soin d’entrer dans ce débat ayant permis la médiatisation ô combien peu méritée d’un film choquant et inutile.

Co-écrit avec le scénariste Benedict Fitzgerald, principalement à partir des Évangiles selon saint Matthieu, saint Marc, saint Luc et saint Jean, La Passion du Christ relate avec une violence inouïe les 12 dernières heures de celui qui mourut pour racheter les péchés du monde (Jésus, interprété par Jim Caviezel). Dans le dossier de presse du film, le réalisateur avance: "Mon plus grand souhait est que le message de cette histoire de courage et de sacrifice extraordinaires puisse inspirer la tolérance, l’amour et le pardon." S’agit-il d’aveuglement ou tout simplement de mauvaise foi? De la première à la dernière minute, on assiste à une boucherie sans précédent dont n’émane aucune lumière, aucune spiritualité. En ouvrant l’histoire sur l’arrestation du Christ, sans présenter le message de paix et d’amour précédant le calvaire ( mis à part quelques flash-back apaisants où l’on entrevoit Jésus aux côtés de Marie (Maia Morgenstern) ou encore le dernier repas avec les apôtres (, Mel Gibson fait preuve d’une fascination outrageante pour la violence. Il livre un film brutal où l’hémoglobine coule à flots. Le tout, sous couvert de dialogues en araméen (langue de l’époque) et en latin, question de donner un semblant d’intelligence à l’ensemble. En vain.

La scène de flagellation est interminable. On y voit le dos de l’accusé voler en lambeaux sous le courroux de bourreaux sanguinaires. Et c’est sans parler d’un chemin de Croix parsemé de ralentis venant surligner à gros traits l’insupportable, ou de l’épisode de la crucifixion dont aucun détail n’aura été épargné (question de principes, bien sûr…). Mel Gibson se ferait-il figure de proue d’une nouvelle croisade? N’alimentons pas un débat dont on aurait vraiment pu se passer par les temps qui courent…

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