Smash – Daniel Lemire : Les revers de la vie
Cinéma

Smash – Daniel Lemire : Les revers de la vie

Personne n’aime être critiqué. Mais il y a des gens qui savent mieux que d’autres comment composer avec les aléas de la vie de créateur. C’est le cas de DANIEL LEMIRE, dont la première comédie dramatique, intitulée Smash, prendra l’affiche ce lundi 21 h à la SRC.

Après nous avoir fait rire pendant plus de 20 ans avec des personnages comme Yvon Travaillé, le fameux Oncle Georges et Ronnie Dubé, l’humoriste est conscient que tout le monde n’aimera peut-être pas sa première incursion dans l’univers de la scénarisation, d’autant plus qu’il tient l’un des quatre rôles principaux de Smash: "Jusqu’à présent, les personnes qui se sont prononcées sur la série y sont allées avec plusieurs bémols, et je trouve ça parfait. Il n’y a rien de pire qu’un ami qui te prête un livre et qui te dit que c’est le meilleur livre qu’il ait jamais lu, s’exclame l’humoriste en riant. D’une certaine façon, ça ne place pas la barre trop haut, puis les gens jugeront eux-mêmes. Cela dit, je n’ai pas la prétention de plaire à tous, ni d’avoir écrit la série du siècle. Par contre, je crois que Smash est une bonne émission."

L’ego dans le placard
Ça fait déjà un bon moment que Daniel Lemire songe à se lancer dans l’écriture d’une série destinée à la télévision. C’est toutefois un complice des 17 dernières années, Jean-Pierre Plante, qui lui a donné l’impulsion nécessaire pour attaquer ce défi: "Quand Jean-Pierre est devenu producteur au contenu chez Avanti (qui produit Smash), il a proposé de m’aider à jeter les bases d’un projet télé, car il ne faut pas l’oublier, je n’ai pas écrit Smash tout seul", précise-t-il. C’est d’ailleurs avec surprise que l’humoriste, habitué d’être seul maître à bord dans l’écriture de ses one man shows, s’est rendu compte que le processus de création en télévision impliquait bien des personnes et que ça n’avait rien à voir avec la préparation de monologues pour des spectacles d’humour. "J’ai entrepris ce défi très humblement car c’est un travail d’équipe qui exige qu’on mette son ego dans la garde-robe. Tout est décortiqué et critiqué, question de cerner les zones grises et de développer des personnages qui tiennent la route. Ma plus grande hantise, justement, était de parvenir à créer des personnages crédibles, dont un de femme, ce qui n’était pas évident car je n’en suis pas une", rit l’auteur en faisant remarquer que le projet a véritablement pris son envol avec l’arrivée du réalisateur Ricardo Trogi, à qui l’on doit l’excellent film Québec-Montréal. "Sa vision est extrêmement importante. Ce n’est pas moi qui l’ai choisi, mais j’avais vu Québec-Montréal et j’avais beaucoup aimé. Comme dans son film, je désirais que le ton de Smash soit réaliste et que les gags ne soient pas soulignés au crayon gras. C’est extrêmement facile de collaborer avec Ricardo. Il est comme un grand ado qui n’a aucun sens de la hiérarchie. L’ambiance de travail était vraiment le fun, même si ça fait cliché de le dire. La carrière, c’est important, mais à un moment donné, t’as surtout le goût de travailler dans un contexte agréable parce que la vie est courte. C’était donc important pour moi d’aller chercher des personnes avec qui je m’entendrais bien et, justement, l’osmose a été totale. On voulait tous aller dans la même direction", assure Daniel Lemire, encore étonné de la somme de travail que représente un tournage. "Tu te lèves à 5 h 30 et t’arrives chez vous à 20 h. En plus de jouer dans la série, j’avais des ajustements de texte à faire. La création n’est jamais finie, mais j’aime ça comme ça. En spectacle, c’est la même chose. Je recherche l’instantanéité", explique l’auteur.

La quarantaine
L’un des soucis de l’équipe de production, le moment venu de chercher les trois autres personnages principaux de Smash, était de trouver des comédiens qu’on ne voit pas partout. Un écueil est toutefois apparu, auquel personne n’avait pensé. Aucun des acteurs intéressés par Smash ne voulait incarner à l’écran un personnage de 47, 48 ans! "Personnellement, je m’en fous car je ne suis pas un top modèle (rires). Je vieillis et c’est ça la game. Je peux toutefois comprendre que ce n’est pas facile de s’investir dans un rôle comme ça, parce qu’après, c’est difficile de retourner en arrière", rit l’humoriste qui tient le rôle de Sylvain, un conseiller matrimonial que sa femme quitte dès le premier épisode. Louis-Georges Girard (Jacques, directeur des ressources humaines dans une banque), Jean L’Italien (chirurgien esthétique) et Linda Sorgini (gestionnaire de fonds de pension dans une centrale syndicale) ont néanmoins accepté d’embarquer dans l’aventure. Pour sa première expérience en tant que comédien, Daniel Lemire ne pouvait pas rêver d’être mieux entouré. Cela dit, même s’il s’agissait d’une première expérience, il avoue qu’il ne s’en faisait pas trop, car son but n’est pas d’être reconnu comme acteur, ni de gagner un Gémeau. "On m’a souvent offert des rôles à la télévision et au cinéma et j’ai toujours refusé car ce n’était pas un besoin viscéral pour moi d’être acteur. Par contre, j’ai beaucoup aimé l’expérience. Assez pour jouer dans une suite, en tout cas", assure-t-il en précisant que la suite n’est pas encore en chantier. "Ça dépendra du succès de la mini-série auprès du public", dit-il.

Ainsi, chacun des quatre premiers épisodes de Smash s’articule autour de l’un des personnages qui se retrouvent chaque semaine pour jouer au tennis (d’où le nom de la série), tandis que dans le cinquième, les quatre amis retournent ensemble à l’auberge de jeunesse où ils se sont liés d’amitié il y a 25 ans pour y vivre une expérience inoubliable.

Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, Smash n’est pas une série d’humour, même si les revers de fortune que vivent les quatre amis sont toujours désamorcés par les traits humoristiques et pince-sans-rire caractéristiques de l’auteur. "On a privilégié la comédie dramatique car ça nous permettait de raconter une histoire et de passer des messages sans se montrer moralisateurs. Écrire une série d’humour ne m’intéressait pas, d’autant plus que je fais encore de la scène. Et puis, si j’avais fait une sitcom, chaque fois que j’aurais trouvé un bon gag, je me serais demandé si je devais le garder pour moi ou le mettre dans la série", s’exclame l’humoriste qui avait plutôt envie d’aborder les problématiques des gens de son âge. "On se préoccupe de notre alimentation, de l’environnement, des relations amoureuses, de notre travail, des relations avec les enfants et de nos contradictions vis-à-vis de tous ces sujets. Quand on est plus jeune, on parle beaucoup mais on n’est pas encore incarné, tandis qu’autour de 45, 50 ans, on agit plus conformément avec ce qu’on dit", estime l’auteur, lui-même très concerné par tout ce qui touche l’environnement. "On ne change pas facilement, et plus on vieillit, pire c’est", fait remarquer l’auteur en pensant notamment à la conversion soudaine d’Hélène aux produits biologiques, qu’on pourra voir dans le second épisode de Smash.

Dès le 8 mars à 21 h
À Radio-Canada